Pologne: la première militante jugée pour avoir aidé une femme à avorter encourt 3 ans de prison

Un manifestant brandit un cintre lors du rassemblement à Varsovie contre la quasi-interdiction de l'avortement en Pologne, le 28 janvier 2021 - Wojtek RADWANSKI © 2019 AFP
Pour les défenseurs de l'avortement, la situation est de plus en plus précaire en Pologne. En début d'année, le gouvernement conservateur de Varsovie avait pratiquement interdit l'avortement dans son pays après un arrêt du Tribunal constitutionnel. Une décision qui avait provoqué d'importantes manifestations dans les rues du pays.
Un jugement pour l'exemple?
Et les sanctions en se sont pas fait attendre. Comme le souligne The Guardian, la militante Justyna Wydrzyńska, membre de l'Aborcyjny Dream Team (ADT), sera jugée la semaine prochaine pour avoir fourni des comprimés à une femme enceinte afin de provoquer une fausse-couche. Pour cela, elle risque jusqu'à trois ans de prison si elle est reconnue coupable.
Selon l'accusée, la justice pourrait avoir la main lourde afin de faire de son cas un exemple. "Je pourrais être traitée comme la plupart des autres personnes dans cette situation et être condamnée à une peine de six mois avec sursis, ou ils pourraient vouloir faire de moi un exemple et m'envoyer en prison, peut-être même pendant des années", a-t-elle dit au quotidien britannique.
L'accès à l'avortement a toujours été strict en Pologne, mais la situation s'est dégradée avec le fameux arrêt du début d'année, qui était de toute manière déjà entré en vigueur les mois précédents puisque cette affaire en particulier remonte à début 2020. Cet arrêt avait proscrit l'interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du foetus, statuant qu'elle était "incompatible" avec la Constitution, ce qui aboutit à l'interdiction de toute IVG sauf en cas de viol ou d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.
Conséquences
Le mouvement Aborcyjny Dream Team a toujours voulu oeuvrer dans le cadre de la loi polonaise, malgré les embûches, d'autant qu'une loi de 1990 punit l'aide à l'avortement. Afin de venir en aide aux femmes dans le besoin, ces derniers faisaient parvenir, depuis l'étranger, les médicaments nécessaires à un avortement médical.
Seulement, fin 2020, Justyna Wydrzyńska a fait envoyer ces médicaments directement au domicile d'une femme enceinte qui était victime de violences conjugales. Le mari violent a alors dénoncé l'association en contactant les forces de l'ordre, qui quelques mois plus tard, ont remonté la piste de la militante. "C'était la première fois que je prenais un risque, et bam", se désole-t-elle.
Ces nouvelles lois ont des conséquences tragiques. En septembre dernier, Izabela, une femme de 30 ans enceinte de 22 semaines, s'est rendue dans un hôpital de Silésie après la rupture de la poche des eaux. Malgré des échographies qui ont révélé des malformations au niveau du foetus, les médecins de l'établissement hospitalier lui ont refusé l'interruption volontaire de grossesse. Elle est morte quelques heures plus tard.