"On n'a eu que quelques secondes pour sortir": en Californie, 180.000 habitants évacués à cause des incendies

Des pompiers face au Kincade Fire, le 27 octobre dernier - JUSTIN SULLIVAN - GETTY IMAGES NORTH AMERICA - AFP
"Évacuez, s'il vous plaît." Face aux ravages de l'incendie Kincade Fire, actif depuis mercredi en Californie, les habitants du comté de Sonoma ont été appelés à quitter la zone, menacée par le feu. "Vous ne pouvez pas lutter contre ça", a lancé le shérif local, Marc Essick, pour qui il s'agit de la plus grande opération d'évacuation "jamais vue par un shérif" du comté : 180.000 personnes sont concernées.
Car en face, les flammes continuent de progresser: Kincade Fire a déjà détruit plus de 12.000 hectares au nord de San Francisco. Et le bilan risque bien de s'alourdir dans les heures et les jours à venir. Dimanche soir, seulement 5% du feu était contenu par les quelques 3400 pompiers mobilisés, qui avaient perdu du terrain sur les flammes par rapport à dimanche matin.
"J'ai laissé toutes mes affaires dans la maison"
Malgré tout, la décision d'évacuer est souvent difficile à prendre pour les résidents, qui laissent leur maison derrière eux sans savoir quant - et si - ils pourront y retourner. Les évacuations ne sont pourtant pas rares en Californie, où de terribles incendies font régulièrement rage chaque automne. Le plus meurtrier d'entre eux, Camp Fire, avait fait plus de 80 morts 2018.
"C'est devenu normal, a assuré au Guardian Brenda Taylor, une habitante de la zone de Santa Clarita, au nord de Los Angeles, où sévit un autre feu, l'incendie Tick. "C'est la vie ici", explique cette femme qui estime avoir déjà quitté sa maison huit ou neuf fois lors des deux dernières décennies à cause des incendies.
"J'ai laissé toutes mes affaires dans la maison, je m'en fiche! Ce qui compte, c'est ma vie et la vie des personnes autour de nous", a déclaré à BFMTV un automobiliste fuyant les flammes. Il a pris la route par peur de se faire piéger par le brasier.
Peter Bowes, un correspondant de la BBC en Californie, vit lui dans la zone de Santa Clarita, où les habitants ont aussi été appelés jeudi à fuir l'incendie.
"Mon compagnon était dans la maison et n'a eu que quelques secondes pour sortir, prendre le chien et le mettre dans la voiture. C'est arrivé très rapidement, et tous nos voisins ont fait la même chose", a-t-il expliqué, tweetant également des clichés des maisons de ses voisins dont il ne reste plus que des cendres.
"Si la maison brûle, je me tue"
D'autres habitants accusent plus difficilement le coup, comme le raconte le Los Angeles Times. "Je n'ai pas eu le temps de prendre autre chose", déplore en larmes Eva Mendoza, interrogée par le journal. Le jour de son anniversaire, elle a quitté dans la précipitation sa maison de Windsor, au sud du Kincade Fire, en ne prenant avec elle que sa brosse à dents, quelques habits de rechange et son chien.
"Je l'ai dit à ma fille: si la maison brûle, je me tue", a déclaré au San Francisco Chronicle Joann, 72 ans, qui a vécu toute sa vie à Santa Rosa, ville menacée par les flammes.
Certains habitants ne peuvent se résoudre à partir malgré l'état d'urgence déclaré et l'appel massif à évacuer. C'est le cas de Ken Herland, qui réside à Santa Rosa.
"Nous venons juste d'installer un toit de métal sur la maison. Je ne pars pas. Je suis déjà parti la dernière fois", assure-t-il au Guardian, faisant référence à un autre incendie, Tubbs, en 2017. "Cette fois, ça me semble pire."
"Nous ne savons pas quand nous pourrons revenir"
Sa fille Jessica s'est tout de même résolue à évacuer les chevaux vivant dans leur ranch. Dimanche, la zone où le bâtiment se situe était partiellement en flammes.
"Pour moi c'est très perturbant parce que nous ne savons pas quand nous allons pouvoir revenir", résume au San Francisco Chronicle Joan, qui a quitté sa maison située à l'ouest de Santa Rosa samedi.
Si les vents devraient diminuer en puissance ce lundi après-midi et mardi, ils devraient en effet se renforcer dès demain soir, compliquant de nouveau la lutte des pompiers contre les flammes. La semaine qui vient s'annonce par ailleurs très sèche. Aucune pluie n'est prévue en cette fin de mois d'octobre.