Obama et Romney s'affrontent sur la politique étrangère

Mitt Romney et Barack Obama lors du 3e et dernier débat de la présidentielle 2012. - -
C’était le dernier débat, le dernier moment pour les deux candidats américains à la présidentielle pour change la donne. Barack Obama et Mitt Romney ont échangé, dans la nuit de lundi à mardi, sur la politique étrangère. Puissance militaire américaine, situation au Proche-Orient ou encore programme nucléaire iranien, tous ces sujets ont été passés au crible à deux semaines du scrutin.
Le président démocrate, qui a vu son adversaire républicain revenir à sa hauteur dans les intentions de vote, est rapidement passé à l'offensive. Barack Obama, arrivé avec l'avantage de son statut de commandant en chef au cours des quatre dernières années, a accusé Mitt Romney d'avoir une vision datée du monde et de faire preuve d'incohérence dans ses déclarations en matière de politique étrangère. Le candidat républicain a pour sa part reproché au président démocrate de faire preuve de faiblesse sur la scène internationale. La diplomatie étant considérée comme un thème plus favorable à son adversaire, il a aussi tenté à plusieurs reprises d'amener le débat sur son terrain de prédilection : la situation économique des Etats-Unis. Selon deux sondages à chaud, l'actuel président sort vainqueur de la confrontation. Il l'emporte à 48% contre 40% pour Mitt Romney selon CNN, et avec 53% d'adhésion contre 23% pour CBS.
« Nous avons aussi moins de chevaux et de baïonnettes »
Mitt Romney a reçu une réplique cinglante de Barack Obama lorsqu'il a affirmé qu'il augmenterait le nombre de navires de l'US Navy, qui devrait disposer, selon lui, de 300 bâtiments au lieu des 285 actuels.
« Gouverneur, nous avons aussi moins de chevaux et de baïonnettes », lui a répondu le président, qui s'est prévalu d'avoir mis fin à la guerre en Irak et d'avoir obtenu la mort d'Oussama ben Laden, une phrase devenue en quelques heures un phénomène sur la toile à l’origine de nombreux détournements. Rappelant que Mitt Romney a qualifié la Russie « d'ennemi géopolitique », Barack Obama l'a accusé de vouloir ramener les Etats-Unis au temps de la Guerre froide. « La Guerre froide est finie depuis 20 ans », lui a-t-il lancé. « Vous semblez vouloir ressusciter la politique étrangère des années 1980. »
« M'attaquer moi, ça ne constitue pas un programme »
Mitt Romney a pour sa part affirmé que la politique de Barack Obama à l'égard du Moyen-Orient et du l'Afrique du Nord n'avait pas empêché la résurgence de la menace d'Al Qaïda dans la région. « M'attaquer moi, ça ne constitue pas un programme », a-t-il dit après une salve de critiques envoyées par Barack Obama dès les premières minutes du débat. « M'attaquer moi, ce n'est pas comme ça que l'on affronte les défis du Moyen-Orient. »
Les deux hommes sont tout de même tombés d'accord sur un point : le fait que les Etats-Unis devaient défendre Israël en cas d'attaque de l'Iran. Mitt Romney a cependant ajouté qu'il renforcerait les sanctions contre la République islamique, soupçonnée de vouloir acquérir clandestinement l'arme nucléaire.
« Je pense que (les Iraniens) perçoivent de la faiblesse là où ils s'attendaient à rencontrer la force de l'Amérique », a ajouté le candidat républicain. « Nous nous sommes rapprochés de quatre ans d'un Iran nucléaire et nous n'aurions pas dû gâcher ces quatre années. »
« Franchement, gouverneur, on a parfois l'impression que vous pensez que vous feriez les mêmes choses que nous mais que comme vous les diriez plus fort, cela ferait une différence », lui a rétorqué Barack Obama.
Plus de « flexibilité » avec la Russie
Ayant axé sa campagne électorale sur le redressement de l'économie américaine, un thème bien plus porteur que la diplomatie auprès des électeurs, Mitt Romney a plusieurs fois abordé ce thème en assurant que la sécurité des Etats-Unis dépendait aussi de sa puissance économique.
Barack Obama a répondu que les baisses d'impôts promises par son adversaire n'avaient pas eu l'effet escompté dans le passé. Il a en outre jugé que Mitt Romney ne pourrait pas à la fois équilibrer le budget et accroître les dépenses militaires avec un tel programme.
Au sujet de la Russie, Mitt Romney a critiqué Barack Obama pour avoir promis à Dmitri Medvedev, alors président russe, plus de « flexibilité » après le scrutin américain du 6 novembre, lors d'un dialogue capté par un micro resté ouvert. Le candidat républicain a promis que lui ne se montrerait pas plus flexible avec Vladimir Poutine, redevenu président en Russie : « Je lui manifesterai plus de fermeté ».