Nouveau "Jour de colère" au Yémen

Manifestants demandant le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh devant l'université de Sanaa. Des dizaines de milliers d'opposants se sont rassemblés dans plusieurs villes du Yémen, mardi, proclamé "jour de colère" à la mémoire des 24 manifestan - -
par Mohamed Ghobari et Mohamed Moukhachaf
SANAA/ADEN (Reuters) - Des dizaines de milliers d'opposants se sont rassemblés dans plusieurs villes du Yémen, mardi, proclamé "jour de colère" à la mémoire des 24 manifestants tués depuis le début de la contestation.
Le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, n'est pas parvenu à juguler le mouvement qui agite depuis deux mois une population de 23 millions d'habitants dont 40% vivent avec moins de deux dollars par jour et dont un tiers souffre régulièrement de la faim.
Le chef de l'Etat yéménite a reçu des dignitaires tribaux et des chefs militaires locaux pour s'assurer de leur soutien, mais son gouvernement peine apparemment à trouver les ressources nécessaires au maintien de l'ordre.
Il a proposé lundi la formation d'un gouvernement d'union nationale, une offre aussitôt rejetée par l'opposition qui s'est rangée du côté des manifestants réclamant sa démission.
"Ils ne pourraient même pas gouverner une semaine. Le Yémen serait coupé (...) en quatre entités par ceux qui tirent parti d'une vague de stupidité", s'est indigné le président, selon la presse officielle.
"UN SEUL OBJECTIF"
La plupart des décès recensés depuis janvier sont survenus à Aden, capitale du Sud-Yémen indépendant jusqu'en 1990, où manifestants et forces de l'ordre s'affrontent régulièrement. Nombreux sont ceux qui accusent les services de sécurité d'y agir avec plus de fermeté.
"De toute notre âme et avec notre sang, nous te soutenons, Aden!", ont scandé mardi les manifestants qui défilaient à Sanaa, la capitale, devant les caméras d'Al Djazira.
"La victoire arrive. Elle est proche!" leur a lancé Hassan Zaïd, l'un des chefs de file de l'opposition. "Nous avons un seul objectif et une revendication, c'est la chute rapide du régime", a-t-il ajouté.
Outre la pauvreté endémique, les opposants, inspirés par les révoltes de Tunisie et d'Egypte en ce début d'année 2011, dénoncent la corruption et la pénurie d'emplois pour les jeunes diplômés.
Le Yémen, pièce essentielle de la lutte contre le terrorisme international, est qui plus est en proie à des violences religieuses dans le Nord et à un conflit séparatiste dans le Sud, où un accrochage a fait un mort et un blessé lundi dans les rangs de l'armée.
L'un des principaux dignitaires religieux de Taïz, 200 km au sud de Sanaa, a promis de se joindre aux 10.000 contestataires qui campent depuis plusieurs semaines sur la place centrale de la ville.
Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser