Séismes en Turquie et Syrie: pourquoi sécuriser les bâtiments fragilisés est une priorité

Photo d'un bâtiment effondré à Diyarbakir, en Turquie, après deux séismes, le 6 février 2023 - ILYAS AKENGIN / AFP
Des bâtiments effondrés, d'autres éventrés, des opérations de sauvetage sous les décombres... Les deux violents séismes qui ont frappé le sud-est de la Turquie et la Syrie on fait plus de 2000 morts et plus de 8500 blessés (bilan provisoire). Le tremblement de terre a également entraîné l'effondrement de près de 3000 bâtiments.
"L'une des priorités c'est de mettre en place des périmètres de sécurité pour tous les bâtiments qu'on estime dangereux, les sécuriser, que les gens soient évacués", décrit Patrick Coulombel, cofondateur de la fondation Architectes de l'urgence.
En effet, même après le séisme, la situation reste dangereuse. Le site officiel Géorisques explique que les séismes peuvent être "à l’origine de dégâts, qui vont de l’ouverture de fissure, à l’effondrement partiel ou total." Dans la zone du séisme, plusieurs édifices ont été fragilisés et pourraient donc s'effondrer dans les heures qui viennent. Le risque d'une forte réplique entrainant de nouveaux écroulements est aussi à craindre.
Il faut surtout que "lorsqu'ils tombent, il n'y ait pas de dégâts complémentaires ou d'autres bâtiments qui pourraient s'effondrer", explique Patrick Coulombel.
Car c'est "un phénomène fréquent qu'un bâtiment s'effondre sur un autre à côté, qui est plutôt sain", et qui ne s'est pas écroulé avec le séisme.
Le site du gouvernement français recommande, en cas de séisme, de rester "éloigné de ce qui pourrait s’effondrer (ponts, corniches, toitures, bâtiments…)", de sortir des bâtiments et de ne pas se mettre "sous ou à côté des fils électriques", afin qu'il n'y ait pas de victimes supplémentaires en cas de nouveaux écroulements.
D'autre part, "les conséquences d’un séisme peuvent être à l’origine des pollutions importantes des milieux naturels liées à la rupture ou la défaillance d’équipements industriels", souligne Géorisques.
"En outre, ces phénomènes peuvent conduire à la rupture de réseaux de gaz, source d’incendies ou d’explosions, provoquant un nombre important de victimes indirectes", est-il expliqué. Le site du gouvernement français recommande ainsi après un séisme de couper "l’eau, l’électricité et le gaz: en cas de fuite ;ouvrez les fenêtres et les portes, sauvez-vous et prévenez les autorités."
La destruction de bâtiments a bien évidemment également de fortes conséquences économiques: il faut reloger les personnes qui ont perdu leur domicile, dépolluer et reconstruire, quand cela est possible.
Le secours aux personnes coincées sous les décombres
Pour les bâtiments déjà effondrés, des équipes sont envoyées afin de déblayer les gravats et essayer de retrouver des personnes potentiellement coincées en-dessous. La situation est d'autant plus difficile que la Turquie est actuellement en hiver, avec des températures pouvant descendre sous 0°C la nuit.
"C'est quelque chose qui va être extrêmement compliqué", déclare Patrick Coulombel. La survie des personnes sous les débris "va être très précaire si on n'intervient pas vite".
"L'une des difficultés, c'est que les services de secours sont eux-mêmes un peu déstructurés de par la situation" explique David Annotel, représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, sur notre antenne. "Il est important que les services de secours étrangers en renfort puissent être rapidement sur place", déclare-t-il.
La France doit ainsi envoyer 139 secouristes, a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Il faut réussir à restructurer les services de secours afin "que les populations soient le moins à risque possible", déclare Patrick Coulombel, ajoutant qu'il faut aussi que "les personnels de secours soient dans des situations qui soient acceptables, qu'ils ne prennent pas de risques pour eux-mêmes".
