Meurtre de Khashoggi: Le Drian accuse Erdogan de "jouer à un jeu politique", Ankara s'insurge

Jean-Yves Le Drian et Recep Tayyip Erdogan en septembre 2017, à Ankara. - Yasin Bülbül - AFP
Passe d'armes entre Ankara et le Quai d'Orsay. La Turquie a vivement dénoncé comme "inacceptables" ce lundi des propos du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a accusé le président Recep Tayyip Erdogan de mener "un jeu politique" en lien avec le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
"Nous jugeons inacceptable qu'il accuse le président Erdogan de 'jouer à un jeu politique'", a déclaré le directeur de la communication de la présidence turque Fahrettin Altun, ajoutant qu'Ankara avait bien partagé avec la France des "preuves" liées au meurtre de Khashoggi.
"Si le président turc a des informations, qu'il nous les donne"
Quelques instants plus tôt, Jean-Yves Le Drian avait déclaré "ne pas avoir connaissance" d'informations turques sur le meurtre du journaliste saoudien, survenu le 2 octobre à Istanbul. Des propos qui contredisent des déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan qui avait affirmé samedi avoir partagé avec Washington, Berlin, Paris et Londres des enregistrements portant sur le meurtre de Jamal Khashoggi.
"Pour l'instant, je n'ai pas connaissance" d'informations transmises par la Turquie, a pour sa part assuré le chef de la diplomatie sur France 2. "Si le président turc a des informations à nous donner, il faut qu'il nous les donne", a-t-il ajouté.
"Jeu politique particulier"
Interrogé sur l'éventualité d'un mensonge du président turc sur ce point, le chef de la diplomatie française a juste observé que ce dernier avait "un jeu politique particulier dans cette circonstance".
Plus d'un mois après sa mort, le corps de Jamal Khashoggi n'a toujours pas été retrouvé. Cet éditorialiste saoudien critique du pouvoir à Ryad, qui écrivait notamment pour le Washington Post, a été tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul où il s'était rendu pour effectuer des démarches administratives.
Après avoir d'abord fermement nié son meurtre, les autorités saoudiennes ont fini par affirmer que le journaliste avait été tué au cours d'une opération "non autorisée" par Ryad.
"La vérité n'est pas au rendez-vous"
"La vérité n'est pas au rendez-vous, le compte n'y est pas", a estimé Jean-Yves Le Drian, à propos des circonstances de cet assassinat. "Notre position c'est la vérité - les circonstances, les coupables - et ensuite nous prendrons les sanctions nécessaires", a conclu le ministre français.
Fin octobre, l'Allemagne avait appelé les Européens à cesser les ventes d'armes à Ryad et décidé de les stopper. Une mesure pour l'instant rejetée par la France, grand fournisseur d'armes à l'Arabie saoudite.