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Turquie

Le président turc saisit la justice après avoir été transformé en "Erdo-Gollum" sur Twitter

Gollum dans le Seigneur des anneaux

Gollum dans le Seigneur des anneaux - BFMTV

Une fois encore le président turc a saisi la justice en demandant l'intervention d'un collège d'experts, contre le tweet d'un internaute comparant Recep Tayyip Erdogan au personnage de Gollum, dans le Seigneur des anneaux.

Comparer le président Recep Tayyip Erdogan à un Gollum peut-il être considéré comme une insulte? Un tribunal turc a très sérieusement mandaté un collège d'experts pour trancher le débat, qui pourrait coûter deux ans de prison à un internaute.

La fâcheuse comparaison au célèbre Hobbit

En octobre dernier, un médecin turc, Bilgin Ciftçi, s'était amusé à publier sur son compte Twitter deux photos: l'une, inhabituellement expressive, de Recep Tayyip Erdogan le visage déformé par la surprise; l'autre, les yeux pareillement exorbités, du célèbre personnage de la trilogie à succès "le Seigneur des anneaux". La comparaison n'a pas plu du tout au maître du pays qui, comme il en a désormais pris l'habitude, a porté plainte contre l'outrecuidant, aussitôt arrêté dans l'hôpital où il exerçait et inculpé pour "insulte au chef de l'Etat". L'internaute Bahar Kimyongur a partagé les montages photos de Bilgin Ciftçi sur son compte Twitter.

Des juges contraints de se mettre à la page

Plus circonspects, les juges de la province d'Aydin qui examinaient son dossier mardi ont confessé à l'audience leur ignorance de l'oeuvre de J.R.R. Tolkien et leur incapacité à déterminer si comparer Recep Tayyip Erdogan au monstrueux "gollum" pouvait être considéré comme un outrage, a rapporté mercredi le quotidien Milliyet. Le tribunal a donc confié à des experts, deux académiciens, deux psychologues et un spécialiste du cinéma, le soin de répondre à la question lors de la prochaine audience du procès, fixée en février.

Le procureur a requis deux ans de prison contre le docteur Ciftçi. Depuis son élection à la présidence en août 2014, Recep Tayyip Erdogan a multiplié les poursuites pour insulte contre les journalistes, artistes et simples particuliers. Ses détracteurs y voient un signe de sa dérive autoritaire et l'accusent de vouloir museler les critiques. L'incarcération la semaine dernière de deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet accusés d'espionnage a suscité un tollé en Turquie et à l'étranger.
A.-F. L. avec AFP