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Syrie

Syrie: Kerry tente de sauver la trêve pendant qu'Assad pilonne Alep

Des hommes syriens évacuant un corps après des bombardements sur Alep, le 29 avril 2016.

Des hommes syriens évacuant un corps après des bombardements sur Alep, le 29 avril 2016. - Ameer Alhalbi - AFP

Le secrétaire d'Etat américain a rencontré lundi l'émissaire de l'ONU sur le dossier syrien, dans l'espoir de rétablir la trêve rompue par les bombardements: les forces aériennes de Bachar al-Assad pilonnent Alep, la deuxième ville du pays.

Pendant que la diplomatie réunie à Genève peine trouver une issue, la violence continue de se déchaîner en Syrie. Un mois après la signature d'un cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 février, Washington et l'ONU tentent de trouver une issue pour rétablir la trêve et mettre fin au bain de sang. Explications.

> Le Front al-Nosra, motif de rupture du cessez-le-feu

Alors que la Syrie est enlisée dans une guerre civile depuis cinq ans, Moscou et Washington avaient été les initiateurs d'un cessez-le-feu entre le régime de Bachar al-Assad et les forces rebelles, entré en vigueur le 27 février. Mais cette trêve a rapidement volé en éclats, en raison de la reprise des bombardements sur Alep, la grande ville du nord du pays aux mains des rebelles, par les forces armées du régime. La Russie et le gouvernement de Bachar al-Assad ont justifié l'offensive sur Alep par la présence d'al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda et plus important groupe jihadiste du pays après Daesh, qui n'est pas englobé par l'accord de trêve du 27 février.

> Plus de 250 civils tués à Alep depuis le 22 avril

Après une accalmie dimanche, de nouveaux raids aériens ont visé lundi Alep, sans que l'on sache encore s'ils ont fait de nouvelles victimes. Jusqu'alors, le dernier bilan faisait état de plus de 250 civils, dont une cinquantaine d'enfants, tués depuis la reprise des violences dans cette ville le 22 avril. La majorité des raids ont été menés par l'aviation du régime, qui a délibérément bombardé trois cliniques et un grand hôpital la semaine dernière, tuant des médecins et des patients.

"Ce qui se passe à Alep est une honte. C'est une violation du droit humanitaire. C'est un crime", a dénoncé lundi le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, avant sa rencontre à Genève avec John Kerry, qui a de son côté condamné l'attaque sur l'hôpital soutenu par Médecins sans frontières de vendredi.

Face à la tragédie dans cette ville, le hashtag "#AleppoIsburning" a été relayé massivement sur les réseaux sociaux, appelant à des manifestations de solidarité dans plusieurs pays du 30 avril au 7 mai, dont l'une s'est déroulée le 1er mai devant les locaux des Nations-Unies à New York.

> John Kerry pour un "mécanisme" de suivi de la trêve

Estimant que la situation en Syrie est "à bien des égards hors de contrôle", le secrétaire d'Etat américain a fait plusieurs annonces lundi devant la presse après sa rencontre avec l'envoyé spécial de l'ONU sur la Syrie, Staffan de Mistura, à Genève.

La première est qu'il va téléphoner lundi à son homologue russe Sergueï Lavrov pour faire pression pour un retour au cessez-le-feu, et ce alors que le pays allié de Bachar al-Assad soutient les raids de Damas sur Alep au nom de la lutte contre le terrorisme. C'est dans ce même objectif que Staffan de Mistura doit pour sa part se rendre à Moscou mardi pour rencontrer Sergueï Lavrov.

Pour apaiser les tensions qui pèsent sur Alep, John Kerry a ensuite expliqué que Washington allait demander aux rebelles modérés de se distancer à Alep du Front al-Nosra.

Enfin, "pour essayer de restaurer la cessation des hostilités" de manière pérenne, "la Russie et les Etats-Unis ont accepté qu'il y ait plus de personnel à Genève, travaillant 24/24 heures et 7/7 jours" a annoncé John Kerry, parlant de la création d'un "mécanisme" de suivi.

> Restituer la trêve pour relancer les négociations de paix

Fin janvier, des pourparlers de paix avaient débuté à Genève, sous l'égide de Staffan de Mistura, afin d'amener le régime de Bachar al-Assad et l’opposition à s’accorder sur une transition politique, discussions au sein desquelles leurs parrains respectifs, Moscou et Washington, jouent un rôle clé.

Le 27 avril, le 3e round de ces négociations, commencé deux semaines plus tôt, s'est achevé sur un échec: les principaux représentants de l'opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve par Damas.

Si les efforts en cours pour revitaliser le cessez-le-feu aboutissent, l’envoyé spécial des Nations-unies espère lancer un 4e round de pourparlers courant mai.

Ma. G.