Opération internationale en Syrie contre Bachar al-Assad: est-ce crédible?

Bachar al-Assad serait menacé par la progression de rebelles. - -
Le conflit syrien pourrait avoir pris une nouvelle tournure depuis le 17 août. Selon Le Figaro, des forces internationales marcheraient aux côtés de deux commandos composés de plusieurs centaines de rebelles, triés sur le volet et formés par les Américains en Jordanie. Quels seraient alors les nouveaux enjeux du conflit? Dans quelle mesure ces informations paraissent-elles crédibles? Décryptage avec deux spécialistes.
> Des rebelles formés en Jordanie par les États-Unis?
"C'est très plausible, car après les utilisations à petite échelle d'armes chimiques ces derniers mois, Barack Obama avait fini par annoncer en juin dernier un soutien militaire aux rebelles syriens", rappelle à BFMTV.com Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique. Un responsable américain de la Défense sous couvert d'anonymat avait à cette époque précisé que les Etats-Unis allaient laisser en Jordanie des chasseurs F-16 et des missiles Patriot, ainsi qu'une unité de Marines sur des navires amphibies, à la fin d'exercices militaires communs.
Jean Guisnel, journaliste au Point, spécialiste des questions de défense, va même plus loin. "C'est certain. On sait déjà que des troupes de l'opposition sont formées en Jordanie par des Américains, mais aussi par des Français, des Britanniques et des Turcs", explique-t-il à BFMTV.com.
> Des commandos sur le terrain épaulés par des Israéliens?
Le Figaro avance dans ses colonnes qu'"un premier groupe de 300 hommes, sans doute épaulés par des commandos israéliens et jordaniens, ainsi que par des hommes de la CIA, aurait franchi la frontière le 17 août". Une information qui fait tiquer les deux spécialistes. "Il est très curieux d'imaginer que des étrangers aient pu franchir la frontière syrienne et accompagnent les rebelles. En outre, leur nationalité m'étonne franchement. Les Israéliens n'ont absolument aucun intérêt à s'impliquer dans le conflit syrien, et n'ont pas pour habitude de fonctionner en coalition avec d'autres pays, comme la France ou le Royaume-Uni", s'étonne Jean Guisnel.
Camille Grand partage son sentiment. "Je trouve très bizarre l'idée qu'Israël puisse être impliqué. Pour l'opposition, politiquement, ce serait très négatif d'être aidé par Israël! Cela ouvrirait un boulevard à la propagande du régime. La crédibilité politique de l'opposition serait très compromise. Qu'Israël envoie des agents surveiller la situation, observer, oui. Mais de là à s'impliquer…" Il estime d'ailleurs possible que la fuite de cette information provienne du régime syrien, dans l'idée de semer la pagaille au sein de l'opposition.
En revanche, le chercheur estime "très probable et depuis très longtemps" que des agents étrangers du renseignement opèrent sur place.
> Des attaques à l'arme chimique à cause de ces commandos?
Le Figaro avance une explication à l'hypothèse d'une attaque chimique menée par le régime, alors qu'il venait de donner l'autorisation à l'ONU d'enquêter sur le sujet. Il pourrait s'agir de répondre à la pression militaire exercée par la progression de ces deux contingents rebelles. "Bachar al-Assad essaierait donc d'obtenir des victoires avant que ces commandos ne prennent trop d'importance", ajoute Camille Grand. Le Figaro rappelle également que le porte-parole de Bachar al-Assad avait publiquement affirmé qu'il n'aurait pas recours aux "armes sales", "sauf en cas d'agression extérieure".