La Syrie provoque un "redopage du jihadisme international"

Un jeune combattant du groupe jihadiste Al-Nosra pose avec son arme, le 2 avril 2013, à Alep. - -
Alors que la conférence Genève II sur la Syrie doit se tenir mercredi à Montreux, en Suisse, la question des jihadistes de tous les pays qui s'engagent sur le front syrien préoccupe de plus en plus les puissances européennes. Les services français ont ainsi recensé près de 700 Français ou individus résidents en France plus ou moins impliqués en Syrie, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, le 19 janvier. Parmi eux, une douzaine de mineurs.
Phénomène "quasi européen"
La jeunesse de certains de ces candidats au jihad en Syrie ne surprend pas Gilles de Kerchove, coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, interrogé par BFMTV. "C'est un phénomène qui n'est pas proprement français mais quasi européen". Ainsi, selon lui, plus de douze Etats membres de l'UE sont confrontés à ces problématiques de la jeunesse et du nombre de leurs ressortissants qui partent se battre en Syrie.
"Ce ne sont pas toujours des filières", précise Gilles de Kerchove. "Beaucoup sont isolés et se radicalisent sur Internet, et décident alors de partir", explique-t-il, précisant que le déplacement vers la Syrie est aisé, compte tenu de la facilité avec laquelle il est possible de rejoindre la Turquie voisine.
Comment y remédier?
"L'Union européenne cherche à aider les Etats" sur cette question, indique Gilles de Kerchove, précisant avoir fait des propositions en juin 2013. La première est l'échange de renseignements entre Etats membres, pour mieux comprendre le phénomène et les motivations de ces jeunes, mais aussi identifier d'éventuels réseaux qui organiseraient leur recrutement.
Le deuxième défi consiste à développer des politiques de prévention pour éviter que les jeunes ne partent et le troisième, plus technique, de mettre en place des mécanismes permettant de détecter les départs de jeunes inconnus des services de polices.
"Il faut également harmoniser la législation au niveau européen pour sanctionner ceux qui rejoignent les groupes les plus extrémistes", ajoute Gilles de Kerchove, selon qui il n'y a pas de décompte précis du nombre d'Européens engagés en Syrie. L'estimation se situe "sans doute au-delà de 2.000" individus, précise-t-il toutefois.
La Syrie, nouvelle base arrière du terrorisme
Le phénomène a pris une telle ampleur en Syrie que le pays est rapidement devenu une base arrière terroriste. "Les deux groupes jihadistes que sont l'Etat islamique en Irak et au Levant et le Front Al-Nosra (tous deux apparus au cours du de la crise syrienne, NDLR) sont effectivement des groupes extrêmement dangereux", confirme Gilles de Kerchove.
"On n'a jamais vu, dans toute l'histoire, tant d'étrangers sur un seul théâtre d'opérations", insiste-t-il, avant d'évoquer la possibilité que "certains d'entre eux [soient] ensuite renvoyés chez eux afin de commettre des attentats". "C'est un redopage du jihadisme international", conclut-il.