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Frappes en Syrie: quelles sont les cibles de la France?

Un Rafale français décolle d'une base située dans le Golfe, le 8 septembre 2015.

Un Rafale français décolle d'une base située dans le Golfe, le 8 septembre 2015. - Ecpad - AFP

L'armée française, après avoir effectué des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, a débuté ses bombardements, selon une annonce de l'Elysée faite ce dimanche. Mais quels sont ses objectifs? Jean-Yves le Drian reste peu disert sur le déroulé des opérations. La France joue un jeu serré, entre volonté d'efficacité dans la lutte contre Daesh et nécessité d'éviter une alliance objective avec le régime de Bachar al-Assad.

Depuis que François Hollande l'avait évoqué, lors de sa 6e grande conférence de presse, il semblait imminent que la force aérienne française s'apprêtait à frapper en Syrie. C'est désormais chose faite: l'Elysée ayant annoncé ce dimanche que les premiers bombardements ciblés avaient eu lieu sur ce pays.

Sur le déroulé de l'opération, en revanche, absolument rien n'a filtré. Et pour cause: avant même le début de ces frappes, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, avait prévenu sur France Inter que "communiquer sur les frappes serait une erreur tactique". Si on comprend la nécessité de ne pas éventer les détails des opérations, la question des cibles que souhaite atteindre notre armée reste légitime.

Dès le début, le chef de l'Etat avait aussi insisté sur le fait que "Bachar al-Assad est le responsable" de la situation. L'action militaire française est donc soumise à un double impératif: frapper Daesh, mais sans pour autant renforcer de fait le régime du dictateur syrien. BFMTV.com fait le point sur ce que l'on sait des objectifs de cette opération Chammal maintenant étendue de l'Irak à la Syrie.

> Qui sont les ennemis?

La France ne peut et ne veut pas s'appuyer sur le régime syrien, contrairement à ce qui s'est passé pour d'autres opérations menées en Afrique. Manuel Valls a rappelé que "le chaos règne en Syrie" et "constitue le repaire des terroristes jihadistes à la fois de Daesh et d'autres groupes". Ce qui, en outre, "alimente le drame des réfugiés". Bachar-al-Assad, a-t-il insisté, "ne peut en aucun cas être la solution, aucun compromis, aucun arrangement n'est possible".

"Notre ennemi, c'est Daesh. Bachar al-Assad est l'ennemi de son peuple", note de son côté Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense admet un blocage de la coalition internationale dans la région. "Depuis quelques mois, Daesh a considérablement étendu son emprise sur le territoire syrien", fait-il valoir. Un Etat islamique qui "menace à la fois l'Armée syrienne libre et la résistance dans la région d'Alep, mais aussi, derrière l'axe Alep-Homs, le Liban". Et de pointer que "la donne a changé parce que Daesh s'est élargi", "mais aussi" parce que l'EI forme "des combattants dont la mission sera de venir taper en France".

> Quelles cibles seront privilégiées?

Interrogé par France Inter sur l'échéance à laquelle les chasseurs français, qui effectuent depuis le 8 septembre des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, passeraient à des frappes, le ministre de la Défense avait répondu: "Dans les prochaines semaines, dès que nous aurons des cibles bien identifiées". C'est aujourd'hui chose faite.

Mais quelles sont-elles? Il apparaît vraisemblable, note le Huffington Post, que "si la France suit le parcours emprunté par les Etats-Unis et ses alliés dans leurs frappes débutées en 2014", elle frappera les raffineries contrôlées par Daesh. Des installations qui contribuent pour une part essentielle au financement de l'organisation islamiste.

Pour Le Parisienqui formulait l'hypothèse que l'intervention française était avant tout motivée par des "raisons de sécurité nationale", il pourrait s'agir de "viser des centres de commandement, des camps d'entraînement, voire des cibles liées à la préparation d'attentats sur le sol français". Un "principe de légitime défense" confirmé par l'Elysée dès l'annonce des frappes: 

"Notre pays confirme ainsi son engagement résolu à lutter contre la menace terroriste que constitue Daesh", a ainsi précisé la présidence française de la République, ce dimanche. "Nous frapperons à chaque fois que notre sécurité nationale sera en jeu."

> Qui décide?

Manuel Valls a été très clair sur ce point: la France a choisi "seule", en "pleine autonomie de décision et d'action", ses cibles. Elle ne se laissera donc pas dicter sa conduite par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis avec qui, toutefois, les missions de reconnaissance "seront coordonnées pour des raisons opérationnelles".

Dans l'hypothèse où "une coalition de pays de la région se formait pour aller libérer la Syrie de la tyrannie de Daesh, alors ces pays auraient le soutien de la France", a indiqué Manuel Valls.

David Namias