Alep: "A quoi sert encore l'ONU?" s'interroge la presse

Dans Alep, le 14 décembre. - George OURFALIAN - AFP
"Une diplomatie des décombres": alors que les raids aériens ont repris à Alep, semant la panique et tuant parmi les habitants, la presse jeudi déplore l'"impuissance" de la communauté internationale, et son inaction face au drame qui se joue sous ses yeux depuis de longs mois.
"Les hommes, les femmes, les enfants d'Alep peuvent crever"
Le champ de ruines d'Alep et les dizaines de milliers de morts en Syrie sont "la triste illustration d'une impuissance. Celle d'une Europe et surtout d'une Organisation des Nations unies incapables de faire entendre une voix commune", constate Stéphane Albouy dans Le Parisien.
De son côté, L'Humanité dénonce en une "l'hypocrisie des faiseurs de guerre". "Et si la France jouait enfin un rôle actif pour aboutir à une solution politique?", interroge le quotidien. A l'intérieur du journal, le directeur de la rédaction Patrick Apel-Muller lui aussi dénonce "une diplomatie des décombres".
"Les hommes, les femmes, les enfants d'Alep peuvent crever, on ne lèvera pas un petit doigt pour leur venir en aide", s'insurge Laurent Joffrin dans Libération, qui pointe la responsabilité de Barack Obama dans ce "recul planétaire de la sensibilité humaine". Pire le rôle de l'ONU est "ravalé à celui de l'infortunée Société des Nations des années 30 face aux agressions fascistes".
En ne réagissant pas quand Bachar al-Assad a franchi la ligne rouge proscrivant "l'utilisation d'armements chimiques (prohibés depuis les années 20)", le président américain "a donné implicitement au régime syrien un blanc-seing pour repousser les limites de la barbarie", affirme le patron de Libé. "Constatant cette éclatante abstention, Vladimir Poutine est revenu en force sur le théâtre syrien pour conforter son allié massacreur", déplore-t-il.
Pour le deuxième jour consécutif, Libération fait sa une sur Alep. "Pourquoi a-t-on laissé faire?", interroge ce jeudi le journal. Mercredi, le quotidien avait fait le choix d'une Une blanche, et de cette simple inscription: "Ci-gît Alep".
Un système onusien "inopérant"
"Le régime Assad a refusé toute forme de dialogue avec son opposition. La Russie a considéré qu'il fallait commencer par écraser la rébellion, sans faire de détail", constate Guillaume Goubert de La Croix, qui regrette que "le système onusien" soit "inopérant lorsque de grandes puissances -les Etats-Unis hier, la Russie aujourd'hui- décident de s'asseoir dessus".
"Silence, on tue", résume Jean-Michel Servant du Midi Libre, qui juge que les civils ont été "abandonnés à leur funeste sort par l'Occident" et regrette qu'Obama reste "totalement muet sur le sujet". "La faute à qui ?", s'interroge Christophe Bonnefoy (Le Journal de la Haute-Marne): "La communauté internationale dans son ensemble", juge-t-il.
"Lâcheté occidentale"
"Alep, aujourd'hui, paie au prix fort la lâcheté occidentale", juge Laurent Bodin dans L'Alsace. "Alep est le théâtre d'un jeu de dupes diplomatique dont les Occidentaux, et plus globalement l'Onu, sont des spectateurs impuissants".
Dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Pascal Coquis note lui aussi que "nos gouvernants et les institutions internationales n'ont rien pu faire pour stopper le bras vengeur d'un despote et de ses alliés, que nous n'avons pas su, pas pu ou pas voulu les contraindre".