Un médecin "brisé" et "dégradé": le directeur d'un hôpital à Gaza emprisonné par Israël, son avocate alerte sur ses conditions de détention

L'hôpital de Kamal Adwan, mis hors service après une offensive israélienne en décembre 2024, dans le nord de la bande de Gaza le 15 mai 2025 - BASHAR TALEB / AFP
Ghaid Qassem, l'avocate du docteur Hossam Abou Safiya, alerte sur les conditions de détention du médecin de Gaza. Le directeur de l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, a été arrêté par l'armée israélienne fin décembre. Son avocate a récemment pu le voir dans la prison d'Ofer, près de Jérusalem, a-t-elle précisé à Sky News ce mardi 22 juillet.
L'avocate d'Hossam Abou Safiya affirme que "ses conditions de détention sont extrêmement dures, inhumaines, avec des agressions continues". Elle dénonce des attaques "brutales" de la part d'agents pénitentiaires.
La dernière a eu lieu le 24 juin, d'après Ghaid Qassem: le médecin "a été battu et a subi des contusions à la tête, au cou et au dos". "Il a ensuite demandé des soins médicaux car il ressentait un rythme cardiaque anormal, mais sa demande a été rejetée", a-t-elle ajouté.
"En tant que jeune femme, voyant un homme plus âgé – un médecin respecté comme Hussam Abu Safiya – brisé devant moi, dégradé, entouré de gardiens de prison, dans le pire état possible, comment suis-je censée me sentir?", a-t-elle déclaré à Sky News.
Israël suspecte le médecin d'être un membre du Hamas
Le médecin de 51 ans, pédiatre de formation, a été arrêté car il est "suspecté d’être un membre actif du Hamas", selon l'armée israélienne. Pour l'ONG de défense des droits humains Amnesty International, il s'agit d'une arrestation "arbitraire" qui "s’inscrit dans une politique plus large de répression systématique menée par les autorités israéliennes à l’encontre du personnel médical à Gaza".
Avec ses appels à l'aide relayés sur les réseaux sociaux et dans les médias, Hussam Abu Safiya était devenu le visage d'un système de santé en ruines dans le territoire ravagé par la guerre. Son hôpital a été mis hors service après l'attaque d'Israël en décembre, lors de laquelle l'armée a dit avoir arrêté "240 terroristes du Hamas, du Jihad islamique et d’autres individus suspectés d’activités terroristes".
L'avocate du médecin a affirmé à Sky News qu'il ne survivait qu'avec deux cuillères à soupe de riz par jour en détention. Les détenus "ne peuvent pas se doucher, leurs vêtements ne sont pas changés, pas même leurs sous-vêtements", a-t-elle expliqué. "La gale est endémique, les maladies de peau sont répandues et les soins médicaux les plus élémentaires ne sont prodigués que lorsqu'ils constatent que vous êtes à l'article de la mort", a-t-elle ajouté.
Selon Amnesty International, "depuis octobre 2023, des centaines de membres du corps médical palestinien ont été arrêté·es, les soumettant pour beaucoup à une disparition forcée, à la torture et à d’autres mauvais traitements". L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé lundi des attaques israéliennes contre plusieurs de ses locaux de la bande de Gaza, visée par une nouvelle offensive terrestre dans sa partie centre. Le directeur général de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué sur X que des soldats israéliens étaient entrés dans la résidence du personnel à Deir el-Balah.
Ces militaires ont "(forcé) des femmes et des enfants à évacuer les lieux à pied", tandis que "le personnel masculin et des membres de leur famille ont été menottés, déshabillés, interrogés sur place et contrôlés sous la menace d'une arme", a-t-il décrit. Au moins 59.029 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza en octobre 2023, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.