Frappes ciblées, au moins un mort, "acte criminel"... Ce que l'on sait des frappes israéliennes sur Doha

Aujourd'hui à 18h06

Cette image tirée d'une vidéo AFPTV montre la fumée qui s'élève après les explosions survenues à Doha, capitale du Qatar, le 9 septembre 2025. - JACQUELINE PENNEY / AFPTV / AFP

L'armée israélienne a mené des frappes inédites ce mardi après-midi à Doha, capitale du Qatar sur des "hauts responsables" du Hamas. Une attaque qui survient quelques jours après l'aval donné par le Hamas à une nouvelle proposition de cessez-le-feu présentée par les médiateurs.

Après Gaza, le Liban, et l'Iran, le Yémen et la Syrie, Israël s'attaque désormais au Qatar. L'armée israélienne a annoncé ce mardi 9 septembre avoir mené une frappe contre des "hauts responsables" du Hamas, peu de temps après que des explosions ont été entendues à Doha, capitale du Qatar.

Cette frappe intervient une semaine après la demande du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour ouvrir des négociations afin de libérer tous les otages, et quelques jours après l'aval donné par le Hamas à une nouvelle proposition de cessez-le-feu présentée par les médiateurs, dont le Qatar fait partie.

• Des frappes ciblées sur "des hauts responsables" du Hamas

L'armée israélienne a mené plusieurs frappes à Doha, capitale du Qatar au cours de l'après-midi. Les explosions ont eu lieu dans un complexe abritant le Hamas, selon un journaliste de l'AFP à Doha. L'attaque est aussi proche d'un quartier résidentiel, a rapporté un correspondant d'Al Jazeera.

Peu après la frappe, le Qatar a précisé que l'armée israélienne visait les domiciles de dirigeants du Hamas. De son côté, un responsable du Hamas à Gaza a dit qu'Israël avait visé les négociateurs du mouvement islamiste palestinien réunis à Doha, au Qatar. "Il s'agissait de frappes aériennes", a précisé le responsable militaire sous couvert d'anonymat.

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L’attaque est intervenue au moment où la délégation du Hamas se réunissait pour examiner la récente proposition américaine, rapporte également Al-Jazeera.

De son côté, l'armée israélienne a adressé un communiqué, relayé sur X pour confirmer cettte attaque. "L'armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre des hauts responsables de l'organisation terroriste Hamas", dit l'armée, sans préciser le lieu de l'attaque.

Le cabinet de Benjamin Netanyahu a précisé qu'Israël a agi "de manière indépendante". "Israël l’a initiée, menée et en assume l’entière responsabilité", a expliqué le cabinet.

Sur ses réseaux sociaux, le ministère qatari de l'Intérieur décrit désormais "une situation sûre" et "appelle chacun à s'informer auprès de ses sources officielles".

• Au moins six morts et plusieurs blessés recensés

Le ministère qatari de l'Intérieur a indiqué sur X qu'un membre de ses forces de sécurité a été tué dans l'attaque israélienne à Doha. Les autorités qataris déplorent également "un certain nombre de blessés parmi le personnel de sécurité".

De son côté, le Hamas indique que les frappes israéliennes sur Doha ont fait au moins six morts, dont un membre des forces de sécurité qataries.

"Les dirigeants du Hamas ont survécu à cette lâche tentative d'assassinat", y compris le négociateur en chef Khalil al-Hayya, a déclaré le membre du bureau politique du mouvement, Souheil al-Hindi, à la chaîne qatarie.

Mais l'attaque a fait "plusieurs martyrs", dont le fils de Khalil al-Hayya et le directeur de son bureau, a-t-il ajouté.

• L'ONU déplore une "violation flagrante" au Qatar

À l'international, de nombreux hauts dirigeants condamnent cette attaque. À commencer par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, Majed al-Ansari sur qui a qualifié sur X cette attaque de "lâche".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a décrit cette attaque comme une "violation flagrante" de la souveraineté territoriale du Qatar.

L'Iran, principal soutien du Hamas, a également réagi à l'attaque, via le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï à la télévision d'État.

"Cet acte extrêmement dangereux et criminel constitue une violation flagrante de toutes les règles et réglementations internationales, une atteinte à la souveraineté nationale et à l'intégrité territoriale du Qatar", s'est indigné le porte-parole.

À contrario, plusieurs membres du gouvernement d'extrême droite israélien ont salué cette attaque, notamment le ministre des Finances, Bezalel Smotrich.

"Les terroristes n'ont et n'auront aucune immunité face au long bras d'Israël, où que ce soit dans le monde", a écrit Bezalel Smotrich. "Je salue la sage décision et son exécution parfaite par l'armée et le Shin Bet".

• Israël accentue la pression sur le Hamas

La veille, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a sommé le Hamas de se rendre sous peine d'être anéanti, après que Donald Trump a adressé un "dernier avertissement" au mouvement islamiste l'appelant à libérer tous les otages. Ceux-ci ont été enlevés durant l'attaque du 7-Octobre et emmenés dans la bande de Gaza.

"Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas à Gaza et dans les hôtels de luxe à l'étranger: libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré Israël Katz sur X.

En parallèle, le Qatar, assure le rôle de médiateur aux côtés de l'Égypte dans les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. Deux trêves en novembre 2023 et début 2025, déjà négociées sous médiation du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis, avaient permis le retour d'otages en échange de la libération de prisonniers palestiniens. Mais Israël a repris les combats en mars, faute d'accord sur la poursuite du cessez-le-feu.

• Les citoyens américains appelés à "rester à l'abri"

L'ambassade des États-Unis au Qatar a appelé mardi ses ressortissants dans le pays à "rester à l'abri" après une attaque israélienne qui a visé selon les autorités qataries un complexe abritant des responsables du Hamas à Doha.