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Iran

Nucléaire iranien: que dit l'accord signé avec l'Iran?

Des Iraniens regardent la une des journaux dimanche à Téhéran, annonçant l'accord sur le nucléaire.

Des Iraniens regardent la une des journaux dimanche à Téhéran, annonçant l'accord sur le nucléaire. - -

Les sanctions financières décidées contre l'Iran vont être allégées, tandis que la république islamique devra diluer son uranium trop enrichi. Mais déjà, des divergences ont surgi sur l'interprétation de l'accord signé dans la nuit.

C'est un accord qui met fin à dix ans de crise entre l'Iran et les grandes puissances. Téhéran et les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que l'Allemagne sont parvenus à un terrain d'entente intérimaire de six mois sur le programme nucléaire iranien controversé.

L'accord signé dimanche à l'aube desserre l'étau de certaines sanctions économiques imposées par l'Occident à l'Iran, en échange d'une révision à la baisse de son programme nucléaire. Téhéran se soumettra à des inspections internationales plus poussées pendant six mois, tandis qu'une "solution complète" sera négociée sur le fond.

Mais déjà, des divergences apparaissent sur les modalités encore floues de ce texte. Le président iranien Hassan Rohani affirme que l'accord valide le principe de l'enrichissement d'uranium de son pays. "Pas du tout", répond indirectement le chef de la diplomatie américaine John Kerry, qui assure que le texte "ne dit pas que l'Iran a le droit à l'enrichissement d'uranium, quoique que disent certaines commentaires d'interprétation".

Voici les principaux points de l'accord, tels que communiqués par la Maison Blanche.

> Sur quels points l'Iran s'est-il engagé?

Selon la présidence américaine, l'Iran:
- a accepté de cesser tout enrichissement d'uranium "à plus de 5% et de démanteler les processus techniques nécessaires pour enrichir à plus de 5%"
- "s'est engagé à neutraliser son stock d'uranium enrichi à près de 20% en le diluant"
- "ne construira pas de nouvelles centrifugeuses à uranium, et interrompra sa progression vers la mise en fonctionnement d'un réacteur dans son usine nucléaire d'Arak qui produirait du plutonium",
- "ne construira pas d'usine capable (...) d'extraire du plutonium à partir du combustible usagé"
- et enfin "permettra l'accès quotidien de ses sites à des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique et communiquera des données sur le fonctionnement du réacteur d'Arak".

> Quelles sont les contreparties occidentales?

De leur côté, toujours selon la présidence américaine, les membres du P5+1:
- consentiront à un allègement des sanctions "limité, temporaire, ciblé et qui pourra être annulé", équivalant à quelque sept milliards de dollars
- n'imposeront pas de nouvelles sanctions pendant la fenêtre de six mois si l'Iran respecte ses engagements
- suspendront "certaines sanctions sur l'or et les métaux précieux, le secteur automobile et les exportations pétrochimiques de l'Iran", et permettront "des réparations et des inspections en Iran pour certaines compagnies aériennes iraniennes"
- et débloqueront 4,2 milliards de dollars environ, produits de sanctions sur les ventes de pétrole iranien.

En revanche, la plupart des sanctions américaines, commerciales et financières, resteront en vigueur dans les six mois à venir, comme les sanctions décidées par le Conseil de sécurité de l'ONU.

> A quoi correspondent les taux d'enrichissement de l'uranium?

L’Iran s’est notamment engagé à neutraliser son stock d’uranium enrichi à 20% et à suspendre l’activité au-delà des 5%.

Jusqu’à 20%, l’uranium est considéré comme faiblement enrichi. Il s'agit de celui destiné au combustible des centrales nucléaires qui produisent de l’électricité. L’uranium le plus courant dans le monde pour la production d’énergie est enrichi entre 3 et 5%. Certains réacteurs de recherche peuvent néanmoins en utiliser à des taux bien supérieurs. C’est justement ce que souhaite faire l’Iran.

Au délà de 20%, la réglementation internationale considère qu’il s’agit d’uranium hautement enrichi et qui peut donc mener à un usage militaire. Mais dans les faits, le taux nécessaire pour de telles pratiques dépasse souvent les 85%. Une marge très importante qui pourrait rassurer sur les intentions iraniennes. Mais potentiellement, avec ses 19.000 centrifugeuses qui servent à enrichir l’uranium, l’Iran peut toujours produire des matières dont le taux d’enrichissement à terme pourrait servir à l’usage militaire.

Alexandra Gonzalez avec AFP