"Nous avons entendu assez de voix d'hommes": en Iran, une musicienne devient le symbole de la lutte des femmes

Sur Instagram, Mohammad Soltani, photographe iranien, a rendu hommage aux femmes de son pays, plus que jamais réprimées. Joint par BFMTV, il raconte son admiration pour les Iraniennes.

Sous la pleine Lune, une Iranienne joue du târ. Emblématique de la culture iranienne, ce luth laisse échapper une mélodie mélancolique, reflétant peut-être la condition des femmes iraniennes. Cette vidéo, postée le 10 décembre dernier sur Instagram par Mohammad Soltani, entend leur rend hommage.

La séquence, capturée devant le pont de Kadju, à Ispahan, met en scène Elahe Mirahmadi, professeure. Tout en poésie, le photographe veut mettre sur le devant de la scène la voix des Iraniennes, plus que jamais réprimées dans leur pays.

"Alors que l'inhumanité envers les femmes de mon pays a atteint son apogée, plus que jamais, je veux que les femmes aient le rôle principal dans mes vidéos. Nous avons entendu assez de voix d'hommes, la scène est entre vos mains, jouez de l'instrument, ô femmes d'Iran", écrit Mohammad Soltani dans le texte accompagnant sa vidéo.

"La voix de l'art ne s'éteint pas"

Joint par BFMTV, l'artiste revendique de donner la parole aux femmes. "Je préfère mettre en scène des artistes féminines dans mes vidéos. On devrait laisser plus de place aux femmes. Il y a des femmes importantes, influentes qui vivent en Iran. C'est important de les faire connaître aux jeunes générations", confie-t-il.

Le photographe admet avoir peur des autorités, mais le besoin de rendre hommage aux Iraniennes est plus fort. "La voix de l'art ne s'éteint pas", assure-t-il à BFMTV.

Depuis la mort de Mahsa Amini, jeune Iranienne morte à l'âge de 22 ans le 16 septembre 2022, après son arrestation pour non-respect du strict code vestimentaire imposé aux femmes en Iran, un mouvement d'ampleur secoue le pays.

La mort de la jeune femme a entraîné des mois de manifestations contre les dirigeants politiques et religieux iraniens, et la répression de ce mouvement a provoqué des centaines de morts et des milliers d'arrestations. Mahsa Amini est quant à elle devenue le symbole de la lutte contre l'obligation du port du voile.

Marie Gentric