Cécile Kohler et Jacques Paris inculpés en Iran: la sœur de la Française affirme qu'ils "risquent la condamnation à mort"

"Depuis plusieurs mois, on leur annonçait un verdict extrêmement sévère, qui n'arrivait jamais et ça les maintenait dans cet état de terreur." Après plus de trois ans de détention dans des conditions extrêmement difficiles, les Français Cécile Kohler et Jacques Paris ont été inculpés d'espionnage au profit d'Israël, de "complot pour renverser le régime" et "corruption sur terre".
L'Iran avait indiqué que les deux Français étaient accusés d'espionnage, mais n'avait jamais jusqu'à présent révélé pour quel pays précisément.
Pour Noémie Kohler, la sœur de Cécile, "chacun de ces trois chefs d'accusation est passible de la peine de mort". "Ce qu'on comprend de la communication de ces trois chefs d'inculpation, c'est qu'ils risquent une condamnation à mort", a-t-elle expliqué lors d'un entretien avec l'AFP.
"On est extrêmement inquiets sur leur état psychique"
Mardi, les deux Français ont reçu la visite d'un diplomate français. La visite consulaire, qui s'est tenue à Bozorg, un pénitencier du sud de la capitale, a duré 35 minutes, "sous haute surveillance en présence de gardes", a précisé Noémie Kohler. "Pour la première fois, Cécile et Jacques étaient ensemble lors de cette visite", a-t-elle déclaré.
Les Français, "retenus otages depuis trois ans dans des conditions indignes assimilables à de la torture" selon les dires du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, étaient emprisonnés à la prison d'Evin, à Téhéran. L'établissement pénitentiaire, visé par des frappes israéliennes lors de la récente guerre des 12 jours, a dû être partiellement évacué. Les deux Français ont été transférés dans d'autres prisons.
"On est extrêmement inquiets sur leur état psychique, sur le traumatisme des bombardements", a encore ajouté Noémie Kohler en se basant sur le compte-rendu de la visite consulaire que lui a transmis le Quai d'Orsay, expliquant que les Français avaient "entendu trois frappes qui ont fait trembler les murs de leur cellule". Après les frappes, "ils ont été regroupés avec d'autres prisonniers pour être transférés".
La Française a alors été transférée à la hâte avec d'autres prisonniers, sans pouvoir emmener d'affaires personnelles, à la prison de Qarchak, où elle est restée 24 heures, selon sa sœur.
"Cécile ne dort plus depuis les bombardements, elle a très peur qu'il y en ait des nouveaux", a souligné Noémie Kohler.
Quant à Jacques Paris, il a été transféré dans un lieu inconnu, "tout seul dans une cellule. Il n'a pas de meubles. Donc il continue à dormir à même le sol", a ajouté Noémie Kohler. Lors de la visite du diplomate français, Jacques Paris, "a insisté sur l'extrême dureté de ses conditions de détention".
"Un double péril de mort"
Cécile Kohler, professeure de lettres de 40 ans originaire de l'est de la France et son compagnon Jacques Paris, 72 ans, ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran. Pour Noémie Kohler, ils subissent un "double péril de mort": la reprise des bombardements et cette condamnation à mort qui leur pend au-dessus de la tête".
Alors que Téhéran reproche aux Occidentaux l'absence de condamnation des frappes israéliennes, les relations entre l'Iran et la France sont particulièrement tendues. Cécile Kohler et Jacques Paris sont-ils les victimes de la "diplomatie des otages", pratique courante en Iran? "C'est certainement une façon de signifier à la France qu'on n'a pas du tout apprécié son positionnement dans ce conflit, que la France souligne le droit à Israël à se défendre", analyse Thierry Arnaud, éditorialiste politique internationale BFMTV.