Entre privation et violences, ils ont vécu l'enfer sous Daesh

Elles sont 260 familles à avoir fui la ville de Falloujah, à 50 kilomètres de Bagdad. Les forces irakiennes parviennent petit à petit à reconquérir ce bastion de l'organisation terroriste, qui contrôle cette cité de plus de 300.000 habitants depuis janvier 2014. Autrement dit, une éternité pour certains rescapés.
"Ils nous ont assiégé pendant des mois. Nous avions faim, pas d'eau ni de gaz. Nous achetions des dattes pourries et les mangions avec du thé", raconte Rasmiya Abbas, une habitante de Falloujah.
Dès la semaine dernière, ces "otages" des Daesh ont profité de l'offensive de l'armée irakienne pour fuir la ville. Près de 3.000 personnes ont réussi à quitter la zone et certains ont trouvé refuge dans les camps d'ONG. Le soulagement se lit sur leurs visages et se confirme dans leurs propos.
"Nous acceptions tout cela, mais Dieu merci, maintenant nous avons fui les souffrances de l'État islamique. Ils nous ont affamé et assoiffé. Ils ont pris les hommes, les ont kidnappés ou tués. Nous sommes allés demander nos hommes, ils nous ont dit de rentrer chez nous et qu'ils allaient revenir. Mais c'est un mensonge, ils ne rendent ni les vivants, ni les morts", témoigne Madiha Khudhair, une rescapée de Falloujah.
Daesh affaibli mais pas mort
La turpitude de l'organisation extrémiste ne se limite pas à ces privations et ces violences. Pour empêcher les habitants de fuir, les militants de Daesh ont rempli les routes d'explosifs. Beaucoup sont morts ou ont été grièvement blessés dans leur quête de liberté.
Les jihadistes continuent toutefois de perdre du terrain au Moyen-Orient, même s'ils ont pour l'instant conserver leurs plus grandes forteresses. Mossoul, la deuxième ville d'Irak, est l'un des objectifs militaires cruciaux.
"C'est une ville énorme, près de 3 millions d'habitants avec des ressources considérables. Il s'agit là d'un bastion important. Le jour où Mossoul tombera, on pourra presque dire que l'État islamique sera vaincu", analyse Ulysse Gosset, éditorialiste politique étrangère de BFMTV.

Selon le gouvernement irakien, Daesh ne contrôle plus que 14% du pays contre 40% en 2014. "Les opérations militaires actuelles affaiblissent très sévèrement l'État islamique. Mais ce n'est pas encore la fin car les jihadistes sont bien organisés, peuvent se replier pour mieux contre-attaquer", tempère Ulysse Gosset.