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Afghanistan

Afghanistan: des talibans tirent en l'air à Kaboul pour disperser une manifestation de femmes

Une vingtaine de femmes et de filles ont manifesté à Kaboul, le samedi 26 mars 2022 (ILLUSTRATION).

Une vingtaine de femmes et de filles ont manifesté à Kaboul, le samedi 26 mars 2022 (ILLUSTRATION). - Ahmad SAHEL ARMAN / AFP

Une quarantaine de femmes ont demandé "pain, travail et liberté" ce samedi lors d'une manifestation devant le ministère de l'Éducation, alors que les islamistes ont repris le pouvoir depuis près d'un an.

Des talibans ont violemment dispersé ce samedi à Kaboul une manifestation de femmes pour le droit au travail et à l'éducation, près d'un an après l'arrivée au pouvoir des islamistes en Afghanistan.

Une quarantaine de femmes scandant "Pain, travail et liberté" ont défilé devant le ministère de l'Éducation avant qu'un groupe de combattants talibans ne les dispersent en tirant en l'air par rafales, quelque 5 minutes après le début de la marche.

Tirs en l'air et coups de crosse

Les manifestantes portaient une banderole sur laquelle ont pouvait lire: "Le 15 août est un jour noir", en référence à la date de la prise de Kaboul en 2021 par les talibans.

"Justice, justice. Nous en avons marre de l'ignorance", ont-elles scandé avant d'être dispersées violemment.

Des talibans en tenue militaire et armés de fusils d'assaut ont bloqué un carrefour devant les manifestantes et ont commencé à tirer en l'air pendant de longues secondes. L'un d'eux a simulé un tir en visant les manifestantes.

Certaines manifestantes se sont ensuite réfugiées dans des magasins proches où elles ont été pourchassées puis battues à coups de crosse de fusil par des talibans. Ils ont également confisqué les téléphones portables de manifestantes. Des journalistes ont aussi été frappés par les talibans.

Les libertés des femmes rognées peu à peu

Les manifestations de femmes pour réclamer plus de droits ont été de plus en plus rares dans la capitale, surtout après l'arrestation en début d'année d'organisatrices de ces rassemblements, dont certaines ont été gardées plusieurs semaines en détention.

Depuis leur retour au pouvoir en août dernier, les islamistes fondamentalistes ont progressivement rogné les libertés conquises par les femmes ces 20 dernières années, depuis la chute de leur précédent régime (1996-2001).

Ils ont imposé une série de restrictions à la société civile, dont une grande partie visent à soumettre les femmes à leur conception intégriste de l'islam. Les islamistes ont notamment largement exclu ces dernières des emplois publics, ont restreint leur droit à se déplacer et ont interdit l'accès des filles au collège et au lycée.

La dernière restriction date de début mai, quand le gouvernement a publié un décret, approuvé par le chef suprême des talibans et de l'Afghanistan, Hibatullah Akhundzada, rendant obligatoire pour les femmes le port du voile intégral en public.

Les talibans appellent les femmes à "rester à la maison"

Les talibans ont précisé que leur préférence allait à la burqa, ce voile intégral le plus souvent bleu et grillagé au niveau des yeux, mais que d'autres types de voile ne laissant apparaître que les yeux seraient tolérés.

Ils ont aussi estimé qu'à moins que les femmes n'aient de raison pressante de sortir, il était "mieux pour elles de rester à la maison".

Ces deux dernières décennies, les Afghanes avaient acquis des libertés nouvelles, retournant à l'école ou postulant à des emplois dans tous les secteurs d'activité, même si le pays est resté socialement conservateur.

J.D. avec AFP