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Moscou et ses alliés pourraient soutenir les autorités kirghizes

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par Houlkar Isamova

OCH, Kirghizistan (Reuters) - La Russie et ses partenaires des ex-républiques soviétiques proposent d'envoyer des hélicoptères et des fournitures au Kirghizistan pour y aider les autorités à stopper des affrontements ethniques qui ont fait 124 morts et plus de 1.600 blessés depuis jeudi.

Réunie lundi, l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe sept ex-républiques soviétiques dont le Kirghizistan, n'a pas évoqué l'envoi de troupes dans le Sud kirghize, où les violences ont partiellement détruit les villes d'Och et de Djalalabad.

Des dizaines de milliers d'Ouzbeks de souche continuent de fuir vers la frontière de leur pays d'origine. Le risque d'une guerre civile met à l'épreuve la capacité de l'OTSC à faire face à une crise majeure dans l'un de ses Etats membres.

S'adressant au président russe Dmitri Medvedev, le général Nikolaï Bordiouja, secrétaire général de l'OSTC, a déclaré que les chefs militaires de l'organisation avaient mis au point une proposition pour venir en aide aux autorités kirghizes.

"Ils disposent à l'heure actuelle de troupes suffisantes mais n'ont pas assez de matériel, d'hélicoptères, de matériel de transport terrestre (...) ni même d'essence", a-t-il dit selon des agences russes.

Un peu plus tôt, Bordiouja avait dit que l'OTSC disposait d'un contingent de maintien de la paix et de troupes communes d'action rapide, mais il avait recommandé de "bien réfléchir aux mesures envisageables avant de recourir à ces moyens".

Medvedev a laissé entrevoir des mesures plus énergiques, indiquant qu'il se réservait de convoquer l'OTSC en réunion extraordinaire "si la situation s'aggrave".

"L'atmosphère qui règne au Kirghizistan est intolérable; des gens meurent et l'effusion de sang continue, il y a un désordre massif lié à des questions ethniques, a-t-il dit. C'est très dangereux pour cette région."

MEDVEDEV POUR UNE RIPOSTE "DURE"

Selon des agences russes, il a dit avoir déclaré à la présidente par intérim kirghize, Rosa Otounbaïeva, que "tout doit être fait pour mettre fin à ces agissements - dans le respect de la loi, mais durement".

Les événements en cours sont les plus graves depuis vingt ans au Kirghizistan, qui abrite des bases militaires russe et américaine. Ils inquiètent aussi la Chine voisine.

Le gouvernement intérimaire kirghize avait réclamé la semaine dernière l'envoi d'une force russe de maintien de la paix mais Moscou avait refusé, estimant qu'il s'agissait d'un conflit interne. Dimanche soir, le Kremlin a toutefois décidé de dépêcher un bataillon de 150 parachutistes pour protéger sa base de Kant, située dans le nord du pays.

Azimbek Beknazarov, vice-président par intérim chargé de la sécurité, a dit que la situation était stabilisée à Djalalabad après une médiation de "sages" kirghizes et ouzbeks. "Il n'y a plus de foule dans les rues", a-t-il déclaré par téléphone. Mais il a ajouté que beaucoup d'habitations étaient encore en feu.

A Washington, la Maison blanche a fait savoir que les autorités américaines étaient en contact régulier avec les dirigeants russes à propos de la situation dans la république d'Asie centrale. La base américaine de Manas n'a pas été affectée par les troubles du Sud.

Le gouvernement intérimaire mis en place en avril à Bichkek après la chute du président Kourmanbek Bakiev, qui s'est exilé en Biélorussie, a accusé des partisans de ce dernier d'attiser le conflit, ce que Bakiev a démenti dans un communiqué dimanche.

Lundi, le président kirghize déchu a préconisé l'envoi de troupes des pays de l'OTSC dans le pays. Il a exhortant les "frères" kirghizes et ouzbeks à faire la paix en faisant valoir que les dirigeants qui l'avaient remplacé étaient incapables de rétablir le calme.

Selon l'agence kirghize Akipress, le fils de Bakiev, Maxim, aurait été arrêté en Grande-Bretagne à son arrivée dans ce pays.

Le gouvernement intérimaire, qui prévoit un référendum constitutionnel le 26 juin, a annoncé l'arrestation à Djalalabad d'"une personnalité bien connue" soupçonnée de fomenter des troubles, sans fournir de précisions.

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a exprimé son inquiétude face à la situation humanitaire et a décidé d'envoyer un émissaire à Bichkek.

Guy Kerivel, Pierre Sérisier et Philippe Bas-Rabérin pour le service français, édité par Pascal Liétout