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Mort de Margerie: l'enquête révèle le fil du drame

Christophe de Margerie, ancien pdg de Total.

Christophe de Margerie, ancien pdg de Total. - Alexander Nemenov - AFP

Selon les enquêteurs russes chargés d'enquêter sur l'accident d'avion qui a coûté la vie au patron de Total, les pilotes du jet auraient "vu" le chasse-neige présent sur la piste au décollage, mais sans y voir une "menace" pour l'intégrité de leur avion.

Les enquêteurs russes, les pilotes du jet dans lequel se trouvait le pdg de Total, Christophe de Margerie, auraient bel et bien "vu" le chasse-neige qui se trouvait sur la piste, mais ne l'auraient pas considéré comme représentant une "menace". "L'objet (le chasse-neige) observé n'a pas été considéré comme une menace par l'équipage", a indiqué Alexeï Morozov, à la tête du Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe, précisant que "la piste était libre quand l'autorisation de décoller a été confirmée".

Quatorze secondes plus tard, l'avion est entré en collision avec le chasse-neige, d'après l'expert russe. Le Falcon a percuté le chasse-neige à 248 km/h alors qu'il avait déjà décollé.

"Après la collision, (l'avion) a commencé à basculer du côté droit, ce qui l'a amené à heurter le sol", a-t-il expliqué. "Aucune défaillance dans le système et les moteurs de l'avion n'a été détecté avant la collision."

Christophe de Margerie, est décédé lundi soir ainsi que deux pilotes et une hôtesse de l'air, dans la collision de son avion avec un chasse-neige à l'aéroport moscovite de Vnoukovo.

Une erreur des pilotes? Pas si simple

La collision avec le chasse-neige serait-elle donc due à une erreur humaine, en l'occurrence celle des pilotes? Selon Gérad Feldzer, spécialiste aéronautique de BFMTV, les pilotes "avec 350 mètres de visibilité et en roulant à 250 km/heure, avaient peu de marge". "Je pense qu'ils n'avaient pas, de toute façon, le temps nécessaire pour arrêter la machine", continue-t-il. "Ça ne change rien au problème, l'engin (le chasse-neige, ndlr) s'est trouvé là alors qu'il ne devait pas être. Il y a une erreur collective et les pilotes sont hors de cause. Ils se sont aperçus qu'il y avait quelque chose sur la piste mais il était trop tard pour s'arrêter, c'est comme ça que je l'interprète", poursuit-il.

En poussant l'analyse plus avant, deux hypothèses de responsabilités possibles et non-exclusives émergent: "soit le gars s'est trompé, s'est perdu dans le brouillard avec son engin, traversant la piste alors qu'il ne devait pas le faire, soit – et peut-être de manière concomitante – les gens de la tour de contrôle n'ont pas identifié que cet engin se touvait-là", détaille Gérad Fledzer. "La procédure va impliquer beaucoup de gens".

Les enquêteurs français du BEA en renfort

Les experts du Bureau d'enquêtes et d'analyses chargés d'enquêter à Moscou sur le crash d'avion rentreront pour leur part vendredi en France, a annoncé jeudi l'un d'entre eux. "Nous avons aidé le MAK (le Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe, ndlr) pour la première partie de l'investigation, et ensuite c'est eux qui vont la continuer", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. "Nous sommes là pour les assister", a-t-il souligné. "Nous avons une longue expérience de coopération avec le MAK".

Arrivés mardi soir à Moscou, les experts français ont secondé leurs homologues russes pour analyser les données contenues dans les "boîtes noires" de l'avion, qui doivent aider à éclaircir les circonstances de l'accident.

D. N. avec AFP