Meurtre de Boris Nemtsov: le suspect dit avoir avoué "sous la torture"

Zaour Dadaïev, ici dans sa cellule, clame son innocence. Il est soupçonné d'avoir tué Boris Nemtsov. - Philipp Kireev-AFP
Le principal suspect dans l'assassinat de l'opposant russe Boris Nemtsov aurait avoué "sous la torture", a indiqué mercredi un membre du Conseil consultatif pour les droits de l'Homme.
Zaour Dadaïev, 31 ans, est un ancien policier des forces spéciales tchétchènes, arrêté la semaine dernière en Ingouchie, une république voisine de la Tchétchénie. Il est soupçonné du meurtre de Boris Nemtsov, tué en Russie le 27 février dernier de quatre balles dans le dos à proximité du Kremlin.
Eva Merkatcheva, journaliste et militante des droits de l'Homme, l'a rencontré en cellule, aux côtés d'Andreï Babouchkine, membre du Conseil consultatif pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin. Face à eux, Zaour Dadaïev a affirmé que ses aveux avaient été extorqués sous la torture. Le jeune homme a affirmé à ses visiteurs avoir passé "deux jours, menotté et avec un sac en tissu sur la tête". "On me criait tout le temps: 'C'est toi qui as tué Nemtsov?' Je répondais que non", a-t-il rapporté aux deux défenseurs des droits de l'Homme. Il aurait également été privé d'eau et de nourriture pendant 48 heures.
"Des blessures sur le corps"
"Nous ne pouvons pas affirmer qu'il a été torturé (...), mais nous avons découvert de nombreuses blessures sur son corps", a indiqué Andreï Babouchkine. Le militant a également évoqué des "écorchures" de menottes sur les poignets et les jambes du suspect.
L'arrestation de Zaour Dadaïev est d'autant plus surprenante que le jeune homme a longtemps défendu les intérêts de la Russie. "Pourquoi on ne met pas en prison ceux qui sont contre la Russie? (...) Où est la justice?", s'est-il insurgé. L'actuel président de la République de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, avait également affirmé ne pas comprendre l'arrestation de Zaour Dadaïev, qu'il définit comme un "vrai patriote russe".
L'entrevue n'a pas été au goût du Comité d'enquête russe, en charge du dossier sur la mort de Boris Nemtsov. Le groupe souhaite désormais convoquer les deux défenseurs des droits de l'Homme pour un interrogatoire. Il a notamment pointé du doigt une supposée "ingérence inadmissible" dans l'enquête. La journaliste Eva Merkatcheva s'en défend et assure n'avoir posé "aucune question sur le déroulement de l'enquête" à Zaour Dadaïev. Selon de nombreux témoignages, le recours à la torture serait une pratique courante dans les prisons russes.