Massacres en Syrie : doit-on intervenir sans l’ONU ?

- - -
C’est l’un des principaux bastions rebelles, une ville de 70 000 habitants près de la frontière turque contrôlée par l’opposition depuis trois semaines. La ville d'Azaz, près de la frontière turque, a été massivement bombardée mercredi par des avions de chasse de l’armée. On dénombre au moins 30 morts, dont une majorité de civils, et des dizaines de blessés évacués vers l’hôpital de Killis, une ville turque située à 10 kilomètres.
Pensant être en sécurité à Azaz, de nombreuses familles étaient revenues y vivre. Mercredi, pourtant, elles étaient des milliers à reprendre la route vers la Turquie. Face à de telles violences - 20 000 morts depuis le début du conflit, l’Armée Syrienne Libre réclame à nouveau une zone d’exclusion aérienne pour clouer au sol les avions d’Assad. Mais faute de consensus à l’ONU, la communauté internationale n’intervient pas. En France, François Fillon a aussi critiqué l’attentisme de François Hollande, l’invitant à aller négocier avec Angela Merkel pour trouver une solution.
« Avec l’ONU, ce serait mieux, sinon, on fera sans »
Invité des Grandes Gueules sur RMC mercredi, Bernard-Henri Lévy a haussé le ton, invitant à ne pas attendre de consensus à l’ONU : « On peut s’en passer, affirme-t-il. Si les Nations unies sont défaillantes, si elles se déshonorent comme elles le font aujourd’hui, si elles se laissent prendre en otage par les Chinois et les Russes qui prétendent dicter ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, eh bien il faut passer outre. Avec les Nations unies, ce serait mieux, sinon, on fera sans. » Et de rappeler l’exemple kosovar : « Il y a eu une opération de sauvetage des civils kosovars qui s’est passée de l’aval des Nations unies ».
« Ça peut se transformer en un formidable bourbier »
Hors de question de se passer de l’ONU, en revanche, pour Axel Poniatowski, vice-président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale : « Bien sûr, l’ONU n’est pas une entité parfaite, mais c’est la seule. C’est le parlement mondial, et par conséquent c’est ce qui donne une légitimité à une opération ». Selon lui, une attaque mal organisée pourrait avoir des conséquences désastreuses: « Il faut bien voir que la Syrie est située entre le Liban, Israël, l’Iran, et que tout cela peut se transformer en un formidable bourbier s’il n’y a pas un consensus de la communauté internationale d’une part, et des pays arabes d’autre part ».