Maroc: une jeune fille de 17 ans, mariée à son violeur, défigurée pour avoir voulu divorcer

En 2012, le suicide de Amina Filali, une mineure de 16 ans contrainte d'épouser son violeur, avait suscité un vif émoi au Maroc. - AFP
50 coups au visage pour avoir osé demander le divorce. Une jeune marocaine, Khaoula, 17 ans, a été hospitalisée samedi dernier à Marrakech après avoir subi une violente agression de la part de son mari. Son crime? Avoir demandé à divorcer de cet homme, qui l'avait violée l'an dernier et qu'elle avait été contrainte d'épouser par la suite.
Selon le site de l'hebdomadaire marocain Tel Quel, citant un responsable local de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), la jeune femme a été agressé à l'aide d'une "lame de rasoir". La jeune femme serait "défigurée" souffrant de "multiples entailles" qui ont nécessité "une quarantaine de points de suture".
"Personne ne t'épousera après moi"
Selon un médecin de l'hôpital Ibn Tofail de Marrakech, où la victime a été hospitalisée, elle a reçu une cinquantaine de coups au visage et une vingtaine sur ses mains et ses bras".
"Je te jure que personne ne t'épousera après moi", aurait clamé l'agresseur, d'après plusieurs médias. Des ONG locales comptent aider la jeune femme à "réclamer justice", a précisé le responsable de l'AMDH, Omar Arbib.
Un mariage pour échapper aux poursuites
Les associations avaient obtenu des avancées auprès des parlementaires qui avaient, en janvier dernier, amendé l'article 475 du code pénal qui permettait jusque-là à un violeur d'échapper à des poursuites s'il épousait sa victime. Les parlementaires ont en revanche échoué jusque-là à voter une loi visant à restreindre ou à interdire le mariage des mineures.
Cette légère avancée était intervenu à la suite d'une vive polémique après le suicide en 2012 d'Amina Filali, une autre jeune victime de viol âgée de 16 ans, mariée de force à son agresseur.
De plus en plus de mariage de mineures
Les militants des droits des femmes réclament l'interdiction des dérogations permettant le mariage des mineures, qui a atteint 35.000 cas en 2013 contre moins de 20.000 dix ans plus tôt. Dans leur combat, elles s'appuient sur les acquis de la Constitution de 2011, adoptée durant le Printemps arabe, qui consacre "l'égalité des droits" et exhorte l'Etat à oeuvrer à la parité.
Le gouvernement emmené par le Parti islamiste justice et développement (PJD) est pour sa part favorable à une interdiction pour les seules mineures de moins de 16 ans.