Manifestations concurrentes sur la mosquée de New-York

Vue de l'immeuble qui pourrait accueillir le centre communautaire musulman à proximité du site new-yorkais du World Trade Center. Adversaires et partisans du projet marqueront par des manifestations opposées le neuvième anniversaire des attentats du 11-Se - -
par Edith Honan et Daniel Trotta
NEW YORK (Reuters) - Adversaires et partisans du projet de centre communautaire musulman près du site new-yorkais du World Trade Center (WTC) marqueront par des manifestations opposées le neuvième anniversaire des attentats du 11-Septembre.
Un débat national est engagé sur le projet de construction d'un centre culturel et religieux musulman près du site des attentats de 2001 qui détruisirent les tours jumelles du WTC en faisant près de 3.000 morts.
Le groupe "Stoppez l'islamisation de l'Amérique" organisera dans l'après-midi du 11 septembre un rassemblement dans le sud de Manhattan après la cérémonie commémorative annuelle en l'honneur des victimes des attentats.
Parmi les intervenants figureront l'ancien président républicain de la Chambre des représentants Newt Gingrich, l'ex-ambassadeur auprès de l'Onu John Bolton, le parlementaire néerlandais Geert Wilders et des membres de familles de victimes.
Des groupes musulmans et arabo-américains se réuniront cette semaine pour décider de la manière de marquer l'anniversaire. Celui-ci pourrait coïncider avec la fête de l'Aïd el Fitr, qui correspond à la fin du mois de jeûne musulman du ramadan.
"Nous ne tiendrons pas (un rassemblement) de l'autre côté de la rue. Ce n'est pas notre façon de procéder", a déclaré Linda Sarsour, directrice de l'Association arabo-américaine de New York. Elle a noté que l'alliance envisageait un projet de cérémonie communautaire, un dîner multiconfessionnel et d'autres manifestations favorisant un esprit de compréhension.
Dimanche prochain, des groupes favorables et opposés au centre prévoient aussi des défilés dans le centre de Manhattan.
"PRIER EN PAIX"
L'édifice envisagé, Cordoba House, aurait treize étages et comprendrait des salles de réunion, un espace de prière, un auditorium et une piscine. Cette structure se situerait à deux pâtés de maisons de "Ground Zero", le lieu où se dressaient les tours jumelles, mais sa sobriété architecturale exclurait un minaret ou un dôme - éléments souvent associés aux mosquées.
Le projet est devenu un sujet de débat en vue des élections de mi-mandat du 2 novembre. Le président Barack Obama a souligné le droit des promoteurs du projet à le réaliser tout en refusant de se prononcer sur le bien-fondé d'une telle initiative.
Soutenu par le maire de New York, Michael Bloomberg, le projet suscite l'opposition d'élus conservateurs mais aussi de nombreux habitants de la ville, au-delà des clivages politiques.
Pris entre ces opinions contraires, les musulmans qui travaillent dans le sud et le centre de Manhattan disent ne chercher d'affrontement avec personne mais avoir simplement besoin d'espace pour leurs prières quotidiennes.
"Savez-vous combien il y a de musulmans dans ce secteur ? Le vendredi, c'était bondé et nous avions un laissez-passer de la police pour bloquer les rues", dit Saad Madaha, consultant de 32 ans d'origine ghanéenne qui prie à Masjid Manhattan, dans un étroit sous-sol, en dessous d'une boîte de nuit. "J'aimerais une mosquée qui ressemble plus à une mosquée pour me concentrer en priant sans musique qui me cogne la tête."
Certains musulmans disent toutefois comprendre que des habitants puissent considérer le projet de centre comme une provocation, et se rallient à une démarche du gouverneur David Paterson visant à le transférer dans un secteur moins sensible.
"Nous avons besoin de mosquées, mais n'importe où sauf à Ground Zero. Ce sera un problème continuel", estime Sheikh Hossein, immigré du Bangladesh âgé de 42 ans.
"Nous voulons prier en paix. Je ne veux pas prier et avoir à combattre quelqu'un à cause de l'emplacement. Si cette mosquée est construite ici, on nous rendra responsables chaque fois qu'il y aura un acte de terrorisme", ajoute-t-il.
avec Ellen Wulfhorst et Alan Elsner; Philippe Bas-Rabérin pour le service français