Mali: Paris dément à mots couverts la prise de Diabali

- - -
Contrairement à ce qu'ont d'abord affirmé les autorités locales, la ville de Diabali, à 400 km de Bamako, n'aurait toujours pas été reprise aux jihadistes, ainsi que l'a laissé entendre le ministère français de la Défense vendredi à 17h30.
« Il n'y a aucun combat à Diabali à cette heure », a-t-on indiqué au ministère, sous-entendant que la ville serait toujours aux mains des islamistes.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, le maire de Diabali avait affirmé que les militaires français et maliens avaient repris le contrôle de la localité stratégique de Diabali, conquise le 14 janvier par les islamistes dans le centre du pays.
« Les forces présentes en ville effectuent actuellement des opérations de ratissage, a déclaré Oumar Diakité. Il y a un grand nombre de véhicules calcinés que les islamistes cherchaient à cacher dans les vergers ».
Diabali est située sur la ligne de démarcation entre les islamistes et les forces franco-maliennes qui cherchent à reconquérir le nord du Mali, occupé par les djihadistes liés à Al Qaïda.
Les islamistes du Nord-Mali résistent
Parallèlement, dans le nord du Mali, les forces françaises engagées depuis une semaine rencontrent une résistance plus forte que prévu de la part des islamistes, reconnaissent des diplomates des Nations unies. Sous couvert d'anonymat, plusieurs d'entre eux affirment que Paris a sous-estimé les capacités militaires des jihadistes.
« Ils sont mieux entraînés que ce que les Français avaient initialement prévu, et ils se battent avec plus d'acharnement que ce qui était anticipé », a déclaré un diplomate occidental, admettant toutefois que Paris a pour le moment rempli ses objectifs « à court terme ».
Les représentants français à l'Onu ne contestent pas cette erreur d'appréciation et laissent entendre que Paris a péché par optimisme : « Nos ennemis sont bien armés, bien équipés, bien entraînés et déterminés, reconnaît un diplomate français. La première surprise, c'était que certains ne cèdent pas de terrain ».
Les Etats-Unis vont fournir des moyens aériens
Les combattants islamistes ont fait montre « d'une connaissance supérieure d'un terrain très difficile, d'une capacité à s'abriter derrière les frontières d'autres pays, et d'une mobilité impressionnante », juge Nicolas van de Walle, chercheur à l'université américaine de Cornell.
Les forces françaises ont également été surprises par la présence des combattants du groupe Ansar Dine sur le terrain, alors que les services de renseignement algériens avaient avancé que certains d'entre eux étaient prêts à des négociations.
Les diplomates de plusieurs pays affirment que la France dispose d'un soutien diplomatique unanime au sein du Conseil de sécurité, mais que les Etats occidentaux sont peu enclins à fournir un soutien logistique ou humain aux 2 500 soldats français qui seront déployés au total au Mali.
Les Etats-Unis ont cependant accepté de fournir des moyens aériens pour le transport de troupes et de matériel, et les pays de l'Union européenne doivent envoyer plus de 200 instructeurs militaires pour former les troupes maliennes.
Certains diplomates estiment en outre que la situation pourrait évoluer après le déploiement prévu de 2 000 militaires tchadiens, réputés pour leur bonne connaissance des combats en terrain désertique.
De leur côté, les premiers soldats de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), censés remplacer à terme les forces françaises, sont arrivés jeudi à Bamako.