Mali : 4e jour de l'intervention militaire française

Avions de Chasse de type Mirage - -
Dimanche, l'armée française avec ses 550 soldats de l'opération Serval, a bombardé pour la première fois des positions islamistes dans le nord du pays, au cœur des territoires jihadistes. Quatre avions de combat Rafale ont notamment détruit des camps d'entraînement et des dépôts logistiques des groupes armés près de Gao (environ 1 200 km au nord de Bamako). Des frappes ont également visé un autre bastion du groupe islamiste Ansar E Dine : la ville de Kidal, encore plus au Nord. En plus de pilonner les positions stratégiques des islamistes, les forces françaises mènent des raids en permanence, y compris sur les colonnes de pick-up qui se déplacent. Un haut responsable du groupe Ansar E Dine aurait d’ailleurs été tué au cours de l’une de ces attaques des forces françaises. Dimanche, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a réaffirmé la détermination « totale de la France » et indiqué que « les actions militaires engagées seront poursuivies autant que nécessaire ».
Ce lundi, l'Angleterre a réaffirmé son engagement logistique en vue de soutenir l'opération française au Mali. « Les missions devraient commencer aujourd'hui » lundi, à partir de la base aérienne 105 d'Evreux « qui servira de plate-forme d'appui en France pour acheminer le fret », a précisé le colonel Jean-Pascal Breton, chef du Sirpa Air. Deux avions C17 britanniques, qui peuvent notamment embarquer des véhicules blindés type VAB, doivent participer à cette mission.
« Toujours le risque de ne pas savoir comment un conflit se termine »
Philippe Hugon est chercheur à l'Institut de relations internationale et stratégiques, spécialiste de la géopolitique de l'Afrique. Selon lui, il peut y avoir au Mali un risque d’enlisement même si la situation est assez éloignée de ce que la France a pu connaître en Afghanistan. « C’est vrai qu’il y a toujours, quand on démarre une guerre, le risque de ne pas savoir comment elle se termine, si cela ne va pas se finir dans un enlisement, explique le chercheur sur RMC. Mais dans le cas du Mali, le schéma est différent de l’Afghanistan. Au Mali, on est dans un pays qui a été une démocratie et donc le problème c’est de reconstruire l’état malien, ce qui est plus facile qu’avec l’état afghan qui n’a jamais vraiment existé. Ce n’est pas du tout la même configuration ».
« Il faut que les Africains gèrent ce conflit »
S’il est encore tôt pour parler d’un éventuel enlisement dans le nord du Mali, en revanche pour l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin, les forces françaises n’ont pas pour but de s’installer et de rester longtemps au Mali. « La France n’a pas vocation à rester des mois au Mali, estime-t-il. Il appartient aux Africains de prendre leur destin en main, dès lors qu’ils sont en position de pouvoir s’installer. J’ai cru lire qu’un certain nombre de forces africaines étaient en train d’arriver. Il faudra probablement les équiper, les encadrer. Ce que je souhaite, c’est que la France ne soit plus en première ligne et que rapidement des forces africaines ou une force internationale prennent le relais pour que les africains gèrent ce conflit ».
« On aura gagné la guerre le jour où le pays retrouvera son autorité »
La question qui se pose après cette intervention de la France au Mali est de savoir combien de temps cela va prendre pour reconquérir le nord et assoir sur le pays une nouvelle démocratie. Pour le spécialiste des relations internationales Jean-François Coustillère, fondateur du cabinet de Conseil JFC, il ne faut pas être trop optimiste. Il faudra au moins de longs mois avant de gagner cette guerre. « On aura gagné la guerre au Mali le jour où le pays retrouvera son autorité sur tout le territoire et un régime politique fiable, si possible démocratique, sera établi avec des forces armées reconstituées et une véritable maitrise du territoire. Donc c’est une ambition importante et à un horizon assez lointain. Plusieurs mois, cela me paraît optimiste. Plusieurs années me semblent plus réalistes ».
Vigipirate renforcé en France|||
Sur le sol français, les services de renseignement ont renforcé leurs activités, avec le passage du plan Vigipirate au niveau rouge renforcé. En clair, seront surveillés de très près les transports terrestres et aériens, en particulier en lien avec les pays à risques. Renforcement également de la protection de sites sensibles: sites militaires, lieux de culte, emprises diplomatiques ou encore lieux de grande fréquentation. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé dimanche que la France et l'Europe allaient « sans doute » être confrontées « dans la durée » à la menace terroriste et souligné qu'il fallait rester « très vigilant pour s'en prémunir ».