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Libre-échange : la France ne lâchera pas sur l’exception culturelle

Ce vendredi au Luxembourg, la France va défendre l'exception culturelle pour que la Commission qui doit négocier l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis n'y inclue pas la culture.

Ce vendredi au Luxembourg, la France va défendre l'exception culturelle pour que la Commission qui doit négocier l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis n'y inclue pas la culture. - -

Ce vendredi, les ministres des 27 pays membres de l’Union Européenne se réunissent au Luxembourg pour donner leur feu vert à la Commission Européenne afin qu’elle négocie avec les Américains l’accord de libre-échange. Pour la France, il s’agit de défendre l’exception culturelle.

La réunion des ministres européens du Commerce s’annonce houleuse. Ils se retrouvent au Luxembourg ce vendredi et doivent se mettre d’accord pour que la Commission Européenne négocie l’accord de libre-échange unanimement avec Washington.

«Stimuler le commerce transatlantique»

L’objectif de cet accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis vise à harmoniser les règles en vigueur des deux côtés de l’Atlantique pour dynamiser la croissance, en cette période de crise. Ou plus simplement, stimuler le commerce transatlantique. L'accord ne se contenterait pas d'abaisser des barrières douanières déjà faibles mais il harmoniserait les réglementations européennes et américaines dans des domaines aussi divers que les ceintures de sécurité des voitures ou l'emballage pharmaceutique... Cela entraînerait une baisse des coûts commerciaux entre les deux rives de l'Atlantique et favoriserait les petites entreprises.

La France prête à utiliser son veto

L'Allemagne et la Grande-Bretagne estiment qu'il est essentiel pour l'Europe de conclure avec les Etats-Unis ce qui serait le plus important accord commercial mondial. Mais la France pourrait bloquer les négociations. Car Paris se dit prêt à utiliser son Véto, au nom de l’exception culturelle. Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, plaide pour que les industries culturelles françaises, en clair, l’audiovisuel, soient exclues du champ des négociations. En voulant mettre la culture sur la table des négociations en vue d'un accord de libre-échange avec Washington, la Commission s'est engagée dans une impasse dont elle doit se sortir car Paris ne changera pas d'avis, a déclaré jeudi la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq. « Nous battrons toujours pour la défense de l'exception culturelle ! », a dit Ayrault.

« Défendre la culture ne me paraît pas être du corporatisme »

Denis Clerc est économiste, éditorialiste à Alternatives économiques et pour lui, il est indispensable de défendre l’exception culturelle. « L’intérêt des Etats-Unis est de pouvoir exporter un maximum de produit culturel, notamment en France. Et ils voudraient que les taxes sur les produits culturels qu’eux exportent soient moindres. Défendre la culture ne me paraît pas être du corporatisme. J’ai tendance à penser que les Américains c’est le grand méchant loup. On a laissé rentrer Disney et maintenant Disneyland est en train d’écraser tous les parcs d’attraction en France et même en Europe ».

« La concurrence est un stimulant »

Jean-Marc Daniel, professeur à l'école supérieure de commerce de Paris, n’est pas d’accord avec Denis Clerc. Pour lui, il ne faut pas avoir peur de la concurrence qui permet une certaine qualité de l’offre. « La concurrence est toujours un stimulant. Sur le plan culturel c’est être capable de produire un, cinéma, une littérature. Ça ne veut pas dire adopter systématiquement un profil bas. Ça va les inciter à se remettre en question. Pourquoi est-ce le cinéma américain qui marche le mieux. Et ça va les inciter à avoir une logique de niche qui consiste à dire que par rapport au bulldozer américain il faut proposer à un certain type de public un produit qui est particulier. Garder une certaine forme de concurrence ça permet de maintenir une certaine qualité ».

Tugdual de Dieuleveult avec Antoine Perrin