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Les partis proches de la junte vers la victoire en Birmanie

Dépouillement des bulletins de vote à Rangoun. Deux partis très proches de l'armée devraient remporter les législatives organisées dimanche par la junte en Birmanie dans un climat de morosité et qui ont tourné selon les capitales occidentales au simulacre

Dépouillement des bulletins de vote à Rangoun. Deux partis très proches de l'armée devraient remporter les législatives organisées dimanche par la junte en Birmanie dans un climat de morosité et qui ont tourné selon les capitales occidentales au simulacre - -

par Aung Hla Tun RANGOUN (Reuters) - Deux partis très proches de l'armée devraient remporter les législatives organisées dimanche par la junte en...

par Aung Hla Tun

RANGOUN (Reuters) - Deux partis très proches de l'armée devraient remporter les législatives organisées dimanche par la junte en Birmanie dans un climat de morosité et qui ont tourné selon les capitales occidentales au simulacre d'élections.

Des règles électorales complexes devrait préserver la junte au pouvoir depuis un demi-siècle de toute surprise à l'issue de ces élections pluralistes mais boycotté par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la plus éminente opposante, Aung San Suu Kyi.

Les électeurs ont voté "librement et joyeusement" selon la télévision officielle, mais les témoignages recueillis suggèrent plutôt une participation faible et des fraudes massives.

Les médias officiels donnent les résultats au compte-gouttes et la composition du parlement ne devrait cependant pas être connue avant plusieurs heures lundi, voire un ou des jours encore dans ce pays où l'information est étroitement contrôlée.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont estimé dans des déclarations séparées que ces élections n'étaient ni libres ni justes, et l'Union européenne a également été très critique.

"De nombreux aspects de ces élections ne sont pas compatibles avec les normes internationales acceptables", a déclaré le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité, Catherine Ashton.

"L'UE appelle les autorités à s'assurer que ces élections marquent le début d'une phase plus poussée", a-t-elle ajouté.

La télévision officielle a pour sa part affirmé que l'élection avait été organisée de façon à ce que chacun puisse y participer et souligné que les dirigeants du pays "confiait le pouvoir souverain au peuple, qui en est le détenteur ultime".

PLAINTE DE SIX PARTIS

Le paravent politique de la junte, le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), présentait dimanche 27 ministres en exercice et briguait la totalité des 1.158 sièges mis aux voix selon les médias officiels.

Son rival, le Parti de l'unité nationale (UNP), également appuyé par l'armée, présentait des candidats à 980 sièges.

La seule contrariété pour la junte pourrait venir d'une victoire de l'UNP, proche d'une frange de l'armée qui n'est pas celle du chef de la junte, Than Shwe.

Vingt-cinq pour cent des sièges du parlement étant réservés aux généraux en activité, ces deux partis n'ont besoin que de glaner 26% de ceux qu'il reste pour assurer à l'armée et à ses pendants politiques une majorité absolue.

Six partis pro-démocratie ont pourtant déposé plainte pour fraude, affirmant que les employés de l'Etat avaient été forcés de voter pour l'USDP.

Ces élections ne devraient pas provoquer d'assouplissement des sanctions occidentales mais elles pourraient sortir a minima le pays de son isolement, d'autant que la Chine y investit de plus en plus, dans les matières premières notamment.

"La stabilité de la Birmanie revêt la plus haute importance pour nous, mais n'est pas aussi importante pour l'Ouest", écrit le Global Times, un tabloïd édité par le Quotidien du Peuple, l'organe officiel du Parti communiste chinois.

Le Japon, autre puissance régionale, a pour sa part déploré qu'Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix, n'ait pas été libérée avant le scrutin.

La LND d'Aung San Suu Kyi avait remporté les dernières élections pluralistes en 1990, mais la junte avait ignoré les résultats du scrutin. La militante a passé 15 des 21 dernières années en prison ou assignée à résidence. Elle est actuellement assignée à résidence, une peine qui prend fin samedi.

Avec Vorasit Satienlerk, Chaiwat Subprasom, Martin Petty, Chisa Fujioka et Ben Blanchard, Grégory Blachier pour le service français