Les frères miliband se disputent la direction du labour

Le Parti travailliste britannique, qui se rétablit dans les sondages après la lourde défaite de mai dernier, élit ce samedi son nouveau dirigeant parmi cinq candidats, dont les frères David (à droite) et Ed Miliband qui partent favoris. /Photo d'archives/ - -
par Adrian Croft
MANCHESTER, Angleterre (Reuters) - Le Parti travailliste britannique, qui se rétablit dans les sondages après la lourde défaite de mai dernier, élit ce samedi son nouveau dirigeant parmi cinq candidats, dont les frères David et Ed Miliband qui partent favoris.
Il s'agit d'assurer la succession de l'ancien Premier ministre Gordon Brown à la tête du Labour, qui n'a recueilli que 29% des voix lors des élections législatives de mai et, après treize années d'hégémonie, a dû céder le pouvoir à une coalition entre conservateurs et libéraux.
Le nom du vainqueur sera connu vers 15h40 GMT, avant l'ouverture du congrès annuel du parti à Manchester.
Outre David et Ed Miliband, tous deux anciens membres du gouvernement, sont sur les rangs l'ancien ministre de l'Education Ed Balls, 43 ans, son ancien collègue de la Santé Andy Burnham, 40 ans, et Diane Abbott, 57 ans, qui était devenue en 1987 la première femme noire à entrer au parlement.
Mais dans la campagne des primaires, les deux frères Miliband se sont détachés et font figure de favori.
David Miliband, 45 ans, dirigeait le Foreign Office dans le gouvernement Brown. Surnommé "le cerveau", ce blairiste est considéré comme le porte-drapeau du "New Labour" et de sa ligne centriste.
De cinq ans son cadet, son frère Ed, qui a été ministre de l'Energie et du Changement climatique, a des opinions légèrement plus marquées à gauche et jouit du soutien des syndicats. Brown lui avait confié la rédaction du programme de campagne pour les élections législatives de mai.
Les politologues n'attendent pas du résultat de la primaire travailliste une inflexion radicale: le vainqueur, estiment-ils, n'abandonnera vraisemblablement pas la ligne centriste et favorable aux entreprises du "New Labour" qui a permis à Tony Blair de remporter trois législatives, de 1997 à 2005.
"Ce n'est pas la lutte d'un nouveau Labour, moderne, contre un vieux Labour qu'on voudrait reconstruire. C'est une bataille au sein même du New Labour entre deux approches différentes", dit Mark Wickham-Jones, de l'université de Bristol.
Le futur patron du Labour devra mener la riposte à la thérapie de choc que prépare le gouvernement de David Cameron et dont les détails seront connus le 20 octobre.
Ce plan d'austérité, que le gouvernement juge nécessaire pour préserver l'image et la crédibilité de la Grande-Bretagne sur les marchés financiers, est considéré par le Labour comme une menace contre les services publics. Les travaillistes déplorent aussi que les catégories défavorisées seront les plus durement touchées.
Selon un sondage YouGov publié mardi par The Sun, le Labour est revenu à la hauteur des conservateurs dans les intentions de vote, à 39%. Tendance décelée déjà par une étude précédente d'Ipsos MORI pour Reuters qui mettait le Labour au niveau des Tories pour la première fois depuis janvier 2008.
Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français