Les familles sud-coréennes retrouvent dans l'émotion leurs proches en Corée du Nord

Coréens de Corée du Sud tirés au sort pour rencontrer leur famille en Corée du Nord - Sokcho - zone démilitarisée - Corée du Sud - 20 octobre 2015 - Ed Jones - AFP
Près de 400 Sud-Coréens, tirés au sort sont arrivés en Corée du Nord ce mardi les bras chargés de cadeaux pour retrouver des proches qu'ils n'ont pas revus en plus de 60 ans, voire jamais rencontrés, à l'occasion d'une réunion rarissime des familles séparées par la guerre (1950-1953).
C'est à bord d'autocars précédés par quatre berlines noires arborant les drapeaux de la Croix-Rouge que ces Sud-Coréens, pour la plupart très âgés, ont traversé la frontière fortement militarisée qui divise la péninsule coréenne, et son peuple, depuis le conflit.
Tirés au sort pour enfin se retrouver
Cet événement, le deuxième du genre seulement en cinq ans, avait été décidé fin août dans le cadre d'un accord qui avait permis de mettre fin à une dangereuse escalade des tensions entre les deux Etats rivaux.
Parmi les millions de personnes déplacées pendant la guerre de Corée, des familles entières, parents et enfants, maris et femmes, frères et soeurs, avaient été séparées.
Plus de 65.000 Sud-Coréens sont sur la liste d'attente des candidats à une rencontre et ceux qui sont partis pour le Nord ce mardi figuraient parmi de rares élus.
La grande majorité des membres de la génération qui a vécu dans sa chair la séparation d'avec ses proches est morte sans jamais avoir le moindre contact avec ceux vivant au Nord. Le conflit s'est conclu par un armistice plutôt que par un traité de paix si bien que les deux Corées sont toujours techniquement en guerre.
Des familles privées de tout contact pendant 62 ans
Les communications transfrontalières directes, lettres ou coups de téléphone, sont interdites depuis 1953. Aujourd'hui, après la longue attente des familles, deux ambulances accompagnent le convoi témoignant du grand âge, ou de l'état de santé fragile, de la plupart des participants. Plus d'une vingtaine de passagers sont en chaise roulante dont une femme sous oxygène. Kim Ok-Ja, 72 ans, ne peut pas parler. Elle va revoir son frère aîné enrôlé de force dans l'armée nord-coréenne en 1951, explique son mari qui l'accompagne.
Première et dernière entrevue
"Nous avions supposé qu'il était mort", dit l'époux de la vieille dame. "Nous savons que c'est notre seule et dernière chance de nous rencontrer". Après tant d'années d'attente, ces réunions sont d'une brièveté cruelle. Pendant trois jours, ces Sud-Coréens verront leurs proches du Nord à six reprises, en privé et en public.
Chaque réunion ne dure que deux heures, ce qui signifie qu'ils n'auront que 12 heures pour tenter de surmonter le traumatisme de plus de 60 ans de séparation. Pour les nonagénaires, voire les octogénaires, la séparation jeudi aura le goût amer d'une séparation presque à coup sûr définitive.