Les enfants sinistrés pakistanais sous la menace des maladies

Dans un hôpital mardi à Charsadda, dans la province pakistanaise du Khyber-Pakhtunkhwa. Selon les Nations unies, quelque 3,5 millions d'enfants risquent de contracter des maladies mortelles véhiculées par l'eau polluée ou les insectes après les inondation - -
par Michael Georgy
CHARSADDA, Pakistan (Reuters) - Lorsque le niveau de l'eau est monté dans la maison en torchis de Bakhmina Said, cette mère pakistanaise s'est emparée du dossier médical de sa fille, l'a protégé dans une caisse métallique et a mis sa famille à l'abri en terrain élevé.
Dix-huit jours plus tard, la petite Naeema, un an, dort sur un matelas dans un campement de fortune infesté de mouches, sous une chaleur écrasante. Ces chances de voir un cardiologue pour sa malformation cardiaque sont nulles dans les jours à venir.
"D'après les médecins, elle a un trou dans la paroi du coeur", explique Said, qui s'inquiète aussi pour un autre de ses sept enfants, tombé malade depuis les inondations.
Selon les Nations unies, quelque 3,5 millions d'enfants risquent de contracter des maladies mortelles véhiculées par l'eau polluée ou les insectes. Les crues ont affecté environ 17 millions de Pakistanais, soit un habitant du pays sur dix.
Dans un camp de réfugiés monté dans le nord-ouest du pays par un organisme caritatif musulman basé au Royaume-Uni, les médecins et les travailleurs humanitaires s'efforcent de protéger les enfants, particulièrement vulnérables face aux risques de diarrhées, de choléra ou d'infections respiratoires.
Certains sont amenés chaque jour pour y recevoir un traitement, d'autres vivent avec les centaines de réfugiés dans les locaux universitaires situés dans le camp.
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La même scène se joue dans de nombreux campements tout au long de la zone touchée, d'une superficie équivalente à celle de l'Italie.
Pour l'instant, le problème le plus pressant dans le camp est le traitement de la gale, une infection cutanée causée par des insectes. La diarrhée, l'une des maladies potentiellement mortelles les plus répandues, est l'autre grande source d'inquiétude permanente.
Dans un camp voisin dirigé par l'ONG musulmane Ummah Welfare Trust, 2.000 patients sont suivis, indique le coordinateur Iftikhar Ahmed.
Pendant que les parents s'efforcent de réunir des ressources pour leur famille, les enfants les plus âgés s'occupent de leurs cadets.
Sabah Gul, neuf ans, porte son petit frère âgé d'un an et accompagne sa petite soeur à la clinique. Selon les médecins, le garçon n'est pas malade, mais il s'affaiblit de jour en jour.
Epuisée, la fillette patiente tandis qu'un médecin examine sa soeur. "Ma mère est là mais je m'occupe de ma soeur et de mon frère. Mon père est laboureur, il est parti chercher du travail", explique-t-elle.
L'ONG a pu obtenir une alimentation en eau propre pour le camp, mais les réserves alimentaires se limitent à un stock de riz. De temps à autre, des dons en nourriture arrivent de la part de Pakistanais épargnés par les inondations.
Dans le camp où vivent Bakhmina et Naeema Said, d'autres familles patientent dans une salle de classe où des formules mathématiques sont encore lisibles au tableau.
Les enfants ne sont pas les seuls à avoir besoin d'aide. Taja Abdul Sattar a marché durant une heure et demi pour se faire soigner dans le camp. Interrogée sur la façon dont elle envisage l'avenir, elle ne peut que répondre: "Tout ce que je veux, c'est une tente."
Gregory Schwartz pour le service français