Les deux Corées travaillent à un dictionnaire commun pour rapprocher leurs langues officielles

le Premier ministre sud-coréen (au centre de la photo). - ARIS MESSINIS / AFP
Le ton s'est adouci ces derniers mois entre dirigeants sud-coréens et autorités nord-coréennes, de rencontre bilatérale en rencontre bilatérale. Le problème, c'est qu'en 70 ans de séparation derrière une frontière militarisée, c'est la langue commune qui a pris de part et d'autre des chemins de traverse. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre sud-coréen, Lee Nak-yeon, a annoncé mardi soir la reprise des travaux des deux bords pour la conception d'un dictionnaire valant pour les deux Etats, évoqués pour la première fois en 2005.
Cette révélation, relevée par le Guardian, coïncide volontairement avec le 572e anniversaire de l'alphabet coréen: depuis 1446, les Coréens partagent le même alphabet, auquel ils donnent cependant deux noms différents: le hangeul, pour les sudistes, le chogonsul, pour les nordistes. A la marge toutefois, on note de premières différences dans l'accentuation, la prononciation (classique lorsque l'on passe d'une région à l'autre) et, parfois, l'orthographe. Mais la divergence essentielle tient plutôt à l'usage récent qui a été fait de la langue.
"Coup de pied de onze mètres" contre "penalty"
Dans le nord de la péninsule, où l'on se méfie des influences étrangères depuis plusieurs décennies, le coréen est resté en quelque sorte tel qu'il était en 1945, tandis que dans le sud, dont le destin a été lié aux Etats-Unis au sortir de la Seconde guerre mondiale, les emprunts à l'anglais sont nombreux. Ainsi, durant un match de foot, si un joueur s'écroule dans la surface adverse après un contact litigieux avec un défenseur, il y a des chances qu'un commentateur nord-coréen s'écrie devant le doigt pointé de l'arbitre: "Coup de pied de onze mètres!" Dans la même situation, un Sud-Coréen parlera lui de "penalty". Pour faire la cour, un Nord-Coréen tentera plutôt de suggérer "d'aller faire un tour ensemble", tandis qu'un Sud-Coréen proposera un "rendez-vous". Enfin, les premiers parlent d'"eskimos" quand les seconds mangeront des "glaces".
Visiblement, il n'y a rien qu'un dictionnaire commun ne puisse harmoniser.