BFMTV
International

Les avions retrouvent le ciel d'Europe

Un avion atterrit à l'aéroport Heathrow à Londres. Après six jours de quasi-paralysie provoquée par l'éruption d'un volcan islandais, le trafic aérien reprend en Europe mais il faudra plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant d'enregistrer un retou

Un avion atterrit à l'aéroport Heathrow à Londres. Après six jours de quasi-paralysie provoquée par l'éruption d'un volcan islandais, le trafic aérien reprend en Europe mais il faudra plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant d'enregistrer un retou - -

par Peter Griffiths LONDRES - Après six jours de quasi-paralysie provoquée par l'éruption d'un volcan islandais, le trafic aérien a repris mercredi...

par Peter Griffiths

LONDRES (Reuters) - Après six jours de quasi-paralysie provoquée par l'éruption d'un volcan islandais, le trafic aérien reprend en Europe mais il faudra plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant d'enregistrer un retour complet à la normale.

Les compagnies aériennes, qui estiment avoir perdu 1,7 milliard de dollars, ont instamment demandé aux pouvoirs publics d'envisager de leur verser des indemnités et jugé qu'il leur faudrait au moins trois ans pour se remettre d'un tel chaos.

Un à un, les pays européens ont annoncé la réouverture totale de leurs aéroports, engagée dès mardi soir par les Pays-Bas, bientôt imités par la Grande-Bretagne, plaque tournante du trafic transatlantique, la France ou encore l'Allemagne.

Eurocontrol, l'agence européenne de l'aviation civile, a indiqué qu'environ 75% des vols seraient assurés mercredi, avec 21.000 vols programmés contre 28.000 lors d'une journée normale.

Les responsables de l'aviation civile britannique ont insisté sur le fait que les scientifiques comme les avionneurs avaient considérablement révisé à la baisse les risques de vol dans les zones à faible concentration de cendres issues du volcan Eyjafjöll.

Ce dernier était toujours actif mercredi mais dégageait moins de cendres. "Le panache est très bas et la majeure partie des cendres retombe ici ou se maintient sous 6.000 mètres", a dit Gudrun Nina Petersen, des services météorologiques islandais.

COULOIRS ÉLARGIS

En France, le gouvernement a prévu un retour à la normale avant le week-end. Tous les aéroports français sont ouverts et, dans la journée, 100% des vols long-courriers devaient être assurés ainsi que 75% des vols moyen-courriers, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a précisé que les prélèvements effectués par les avions-tests étaient bons et que, par conséquent, on allait pouvoir "élargir les couloirs" aériens empruntés par la flotte au-dessus du territoire français.

Les autorités espèrent que les 70.000 Français encore bloqués à l'étranger, certains depuis près d'une semaine, seront rentrés avant samedi.

Le directeur-général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Giovanni Bisignani, a jugé que la crise que vient de vivre le secteur était plus grave que celle ayant suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Il a vivement critiqué la décision, trop généralisée à ses yeux, de fermer complètement les espaces aériens nationaux peu après l'éruption du volcan mercredi.

"Il s'agit d'une situation extraordinaire exacerbée par un processus de prise de décision médiocre de la part des gouvernements", a-t-il dit.

En France, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a réclamé la mise en place d'un fonds spécifique pour les compagnies aériennes, à l'instar de ce qui avait été fait au lendemain des attentats du 11-Septembre.

LE BONHEUR DES AUTOROUTIERS

Si elle met à nouveau à mal la trésorerie de transporteurs et de voyagistes sortant à peine de la crise économique, la paralysie du secteur aérien a fait le bonheur des sociétés d'exploitation des autoroutes et des compagnies ferroviaires.

Le groupe Eiffage a enregistré une forte hausse de l'activité des péages sur les Autoroutes Paris Rhin Rhône qu'il contrôle. Il en est de même pour le groupe espagnol Abertis, concessionnaire des autoroutes du Nord de la France.

L'impact d'un ciel dégagé de toute activité aérienne s'est également fait sentir dans l'environnement. Le volcan islandais a craché énormément de cendres mais bien moins de gaz à effet de serre que les avions cloués au sol en Europe n'en auraient émis.

Aux premiers jours de l'éruption du volcan, ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) atteignaient 150.000 tonnes par jour, selon l'université de Durham. En une journée de trafic aérien normal, les appareils en vol produisent 510.000 tonnes de CO2, d'après les données 2007 de l'Agence européenne de l'Environnement.

Les premières analyses de la qualité de l'air autour des deux principaux aéroports de Londres, Heathrow et Gatwick, montrent que le niveau de polluants pouvant causer des problèmes respiratoires a fortement chuté après six jours de paralysie aérienne, indique le Réseau londonien de qualité de l'air.

S'agissant du dioxyde d'azote, "le signal entier est tombé à zéro" entre jeudi et samedi, a déclaré Ben Barratt, du King's College de Londres, qui participe à la collecte de données du réseau.

"L'amélioration de la qualité de vie est surtout due à la disparition de la pollution sonore, et nous recevons énormément de courriels pour nous dire à quel point c'est agréable", a-t-il ajouté.

Pascal Liétout pour le service français