Le pape veut mettre l'homme au coeur de l'économie

Le pape Benoît XVI à son départ de Rome pour Madrid. Au premier jour de sa visite en Espagne à l'occasion des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), le souverain pontife a dénoncé les structures économiques qui privilégient le profit au détriment de l'ê - -
par Judy MacInnes
MADRID (Reuters) - Le pape Benoît XVI, au premier jour de sa visite en Espagne à l'occasion des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), a dénoncé jeudi les structures économiques qui privilégient le profit au détriment de l'être humain et de l'intérêt commun.
"L'économie ne doit pas se mesurer à l'aune du profit maximum mais à celle du bien commun", a-t-il dit aux journalistes dans l'avion qui le conduisait à Madrid.
"L'économie ne peut pas fonctionner uniquement selon une autorégulation mercantile, elle a besoin d'un fondement éthique afin de travailler pour l'homme."
L'Espagne a mis en place des mesures d'austérité draconiennes pour tenter de sortir de la récession économique qui a fait grimper le chômage à près de 20% de la population active, dont une grande proportion de jeunes.
Le souverain pontife, qui a dénoncé le "mal" que représente le chômage des jeunes, a été accueilli à l'aéroport de Madrid-Barajas peu après midi (10h00 GMT) par le roi Juan Carlos et la reine Sofia, accompagnés du président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.
LE FLÉAU DU CHÔMAGE
Lors de la cérémonie de bienvenue, il est revenu sur le fléau du chômage des jeunes.
"Beaucoup de jeunes regardent avec préoccupation leur avenir, face à la difficulté de trouver un emploi digne, ou bien parce qu'ils ont perdu leur travail ou que celui qu'ils ont est précaire", a-t-il dit.
Il a mis en garde contre "la superficialité, la consommation et l'hédonisme régnants, tant de banalité au moment de vivre la sexualité, tant de manques de solidarité, tant de corruption".
Des milliers de pèlerins étaient massés entre l'aéroport et Madrid, où le chef de l'Eglise catholique sera officiellement reçu dans la soirée par le maire, le conservateur Alberto Ruiz-Gallardón Jiménez, et des centaines de milliers de jeunes venus de 190 pays pour ces 26e JMJ.
Le point d'orgue de ce voyage de quatre jours sera une messe célébrée dimanche sur l'aérodrome de Cuatro Vientos, au sud-ouest de Madrid, où plus de deux millions de fidèles sont attendus.
Mercredi soir, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Madrid pour protester contre le coût de cette visite papale en période d'austérité budgétaire et de grogne sociale.
"Le pape oui, mais pas avec mes impôts", scandaient les manifestants.
Les organisateurs de la manifestation, qui a rassemblé des militants pro-laïcité, estiment à 100 millions d'euros le coût des JMJ. Le gouvernement espagnol a refusé de fournir un chiffre.
Samedi, les pèlerins des JMJ pourront participer à une confession de masse en présence du pape dans le parc du Retiro, au centre de Madrid. Deux cents confessionnaux portatifs ont été dressés dans le parc, où des centaines de prêtres organiseront les confessions des pèlerins dans différentes langues.
Guy Kerivel pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief