Le Conseil de sécurité reconnaît la victoire de Ouattara

Le Conseil de sécurité de l'Onu a reconnu mercredi la victoire d'Alassane Ouattara au second tour de l'élection présidentielle ivoirienne. /Photo prise le 2 décembre 2010/REUTERS/Thierry Gouegnon - -
par Tim Cocks et Patrick Worsnip
NATIONS UNIES/ABIDJAN (Reuters) - Le Conseil de sécurité de l'Onu a reconnu mercredi la victoire d'Alassane Ouattara au second tour de l'élection présidentielle ivoirienne.
La Commission électorale indépendante (CEI) a proclamé jeudi soir Alassane Ouattara vainqueur du second tour du 28 novembre avec 54,1% des suffrages.
Le lendemain, le Conseil constitutionnel a annoncé que Laurent Gbagbo était réélu avec 51% après avoir invalidé plusieurs centaines de milliers de voix exprimées dans le Nord, bastion de Ouattara, en invoquant des manoeuvres d'intimidation et des fraudes imputables aux ex-rebelles des Forces nouvelles.
Le président sortant a depuis prêté serment et formé un nouveau gouvernement, bien que les Etats-Unis, l'Union européenne, le représentant spécial de l'Onu en Côte d'Ivoire et, dernièrement, la communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest l'aient invité à céder le pouvoir.
Alassane Ouattara a lui aussi prêté serment et désigné un gouvernement parallèle.
"Etant donné la reconnaissance par la Cedeao de M. Ouattara en tant que président élu et porteur de la voix librement exprimée du peuple ivoirien (...), comme l'a proclamé la Commission électorale indépendante, les membres du Conseil de sécurité appellent toutes les parties à respecter l'issue du scrutin", dit l'exécutif de de l'Onu dans une déclaration adoptée après plusieurs jours de débats.
Le texte lu à la presse par la représentante américaine Brooke Anderson, indique que les Etats membres "condamnent dans les termes les plus vifs toute tentative de détournement de la volonté du peuple ou de porter atteinte à l'intégrité du processus électoral (...)"
L'ONU "À LA DÉRIVE"
Il reprend en outre la menace de "mesures ciblées" déjà brandie par le Conseil à l'attention des ceux qui s'opposent au processus de paix ou aux opérations de l'Onu en Côte d'Ivoire.
Jugeant que l'Onu n'était pas habilité à proclamer le vainqueur du scrutin, la Russie faisait obstacle à son adoption depuis vendredi. Dans les chancelleries occidentales, on juge que l'émissaire de l'organisation était à même de certifier les résultats en vertu des accords de paix de 2005.
Selon le compromis adopté mercredi, l'issue du scrutin a été tranchée par la Cedeao et non par l'Onu. Réunis à Abuja, au Nigéria, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'organisation régionale ont entériné mardi la victoire de Ouattara et exclu provisoirement la Côte d'Ivoire.
"Il ne revient pas à la Cedeao de désigner un vainqueur dans une élection organisée par la Côte d'Ivoire", a commenté Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères de Gbagbo, jugeant en outre l'Onu "à la dérive".
Young-jin Choi, représentant spécial des Nations unies en Côte d'Ivoire, a par ailleurs rejeté mercredi les accusations du camp Gbagbo.
"Je ne m'ingère pas dans les affaires ivoiriennes (...) Je me contente de faire mon travail ainsi que l'ont demandé les autorités ivoiriennes", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il s'est dit "absolument certain" que le peuple ivoirien avait désigné Alassane Ouattara "avec une marge irréfutable".
Ce dernier a quant à lui regretté "que le sommet ait été contraint de prendre des sanctions prévues par le statut de la Cedeao et que notre pays soit suspendu jusqu'à nouvel ordre".
"J'appelle donc M. Laurent Gbagbo à rendre le pouvoir", a-t-il ajouté.
Jean-Philippe Lefief pour le service français