Le CNT envoie des renforts à Syrte

Combattants du Conseil national de transition (CNT) libyen lors d'une attaque visant les forces fidèls à Mouammar Kadhafi à Syrte. Le CNT a envoyé vendredi des blindés en renfort à Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, pour tenter d'écraser les dernières po - -
par Rania El Gamal et Tim Gaynor
SYRTE, Libye (Reuters) - Le Conseil national de transition (CNT) libyen a envoyé vendredi des blindés en renfort à Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, pour tenter d'écraser les dernières poches de résistance des forces loyalistes dans la ville natale de Mouammar Kadhafi.
Les combattants pro-Kadhafi ne contrôlent plus dans la ville qu'une zone résidentielle mesurant environ 700 mètres du nord au sud et un kilomètre et demi d'est en ouest, avec de nombreux immeubles où des tireurs embusqués ont pris position.
Pour les déloger, les combattants du CNT utilisent les grands moyens: ils ont recours aux blindés qui pilonnent les immeubles afin de dégager la voie à l'infanterie et aux véhicules légers.
Des drapeaux verts, symboles du régime de Kadhafi, flottent toujours sur la zone tenue par les partisans de l'ancien "guide" de la révolution libyenne, qui est resté au pouvoir pendant 42 ans et qui aurait trouvé refuge dans les zones désertiques du sud du pays.
Un responsable du CNT a démenti les informations faisant état de l'arrestation à Syrte d'un des fils du colonel Kadhafi, Moutassim, comme cela a été rapporté mercredi.
Encerclés de toutes parts, les hommes de Kadhafi mènent un combat désespéré mais poursuivent la lutte avec acharnement, infligeant de lourdes pertes aux assaillants.
Jeudi, deux morts et 23 blessés ont été conduits dans un hôpital de campagne du CNT près de la ligne de front.
PEUR DES REPRÉSAILLES
L'un des chefs des forces du CNT a noté que les pro-Kadhafi n'utilisaient plus d'armes lourdes et semblaient avoir perdu de leur cohésion.
"Apparemment, c'est maintenant chacun pour soi, sans aucune action concertée. Nous leur avons dit que ça ne servait plus à rien et qu'ils devaient se rendre mais ils ne veulent rien entendre", a dit Baloun Al Charie.
Les derniers combattants loyalistes craignent probablement des représailles.
Mercredi, le forces du CNT ont découvert vingt-cinq corps dans des sacs plastiques dans le sud de la ville. Cinq des cadavres, en habits civils, avaient les mains liées dans le dos et portaient des blessures par balles à la tête. Selon un officier des forces du CNT, il s'agit de personnes exécutées par les miliciens pro-Kadhafi.
Selon Amnesty International, les nouveaux dirigeants libyens courent le risque de reproduire les violations des droits de l'homme qui ont marqué le régime de Kadhafi.
Dans un rapport, l'organisation basée à Londres chiffre à 2.500 les personnes arrêtées, la plupart sans mandat d'arrêt, à Tripoli et dans les environs depuis la prise de la capitale le 23 août. Amnesty souligne que de nombreux détenus disent avoir été battus.
Tandis que les combats se poursuivent à Syrte, les nouvelles autorités appuyées par l'Otan tentent d'accélérer le retour à la normale dans le pays.
Jeudi, le gouvernement provisoire et l'Alliance atlantique ont signé un accord sur l'ouverture immédiate de couloirs aériens pour les vols civils à partir de Benghazi, et pour les vols intérieurs entre la capitale de la Cyrénaïque, Tripoli et Misrata.
C'est une première étape avant la levée totale de la zone d'exclusion aérienne décrétée l'hiver dernier pour empêcher le colonel Kadhafi de frapper la population civile.
Avec Ahmed Seïf, Yasmine Saleh et Barry; Malone à Tripoli; Guy Kerivel pour le service français