La "faim aiguë" fortement aggravée par la crise climatique dans les pays les plus exposés

Du blé prêt à être récolté dans un champ de Jedaida, le 12 juin 2021 en Tunisie. PHOTO D'ILLUSTRATION - FETHI BELAID © 2019 AFP
Sécheresses extrêmes, inondations dévastatrices, désertification: en six ans, la "faim aiguë" a plus que doublé dans les pays les plus exposés aux catastrophes climatiques, selon l'ONG Oxfam, qui appelle les États industrialisés à réduire massivement leurs émissions de gaz à effet de serre et à réparer les dommages causés.
Dans dix pays (Somalie, Haïti, Djibouti, Kenya, Niger, Afghanistan, Guatemala, Madagascar, Burkina Faso et Zimbabwe), 48 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire aiguë et nécessitent une aide d'urgence pour survivre. Dix-huit millions d'entre elles sont même considérées comme étant au bord de la famine.
Si les conflits et les crises économiques restent les principaux responsables de la faim, "les phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus nombreux et violents, réduisent eux aussi la capacité des populations pauvres à contrer la faim et à faire face aux chocs à venir", souligne l'ONG.
Un appel aux pays riches
Pour Oxfam, le fait que les États les moins responsables de la crise climatique soient ceux qui en souffrent le plus "est une preuve criante d'existence d'inégalités mondiales".
Les pays industrialisés et notamment ceux du G20 sont "responsables de plus de trois quarts des émissions mondiales de carbone", tandis que ces dix pays vulnérables n'en émettent collectivement que 0,13%, souligne l'ONG.
"En moins de 18 jours, les profits des entreprises des énergies fossiles suffiraient à financer la totalité des appels humanitaires de l'ONU pour 2022", qui s'élèvent à 49 milliards de dollars, calcule-t-elle par ailleurs.
Lors de l'Assemblée générale 2022 de l'ONU qui s'est ouverte mardi et de la COP27, prévue en novembre, les leaders mondiaux doivent s'engager à réduire massivement leurs émissions et "offrir une compensation aux pays les plus touchés pour les préjudices" qu'ils subissent, plaide Oxfam. L'annulation de la dette de ces États vulnérables leur permettrait également d'investir pour lutter contre l'urgence climatique.