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La démocratie comme remède aux troubles en ce 26 octobre historique

Une Tunisienne vote à Sukra, en banlieue de Tunis, ce dimanche 26 octobre.

Une Tunisienne vote à Sukra, en banlieue de Tunis, ce dimanche 26 octobre. - Fadel Senna - AFP

EDITO - La présidentielle en Ukraine et en Uruguay, et les législatives en Tunisie et au Brésil, sont facteurs de stabilité.

Les élections ont du bien: elles règlent les questions d'orientation, le peuple doit accepter sa propre décision, la minorité doit se plier à la majorité qui elle ne doit pas écraser la minorité. Élémentaire, mais indispensable.

Brésil

Au Brésil, le lulisme va continuer encore quatre ans, avec Dilma Roussef. La campagne et le scrutin ont été aussi réglementaires que possible dans ce pas où la corruption quotidienne est répandue. Mais puisque chaque électeur retrouve sa sensibilité dans la longue liste des partis, les corruptions diverses s'annulent et donc l'on échappe au phénomène anticorruption de type Maidan en Ukraine. Et si jamais le libéral Neves avait gagné, la transition se serait bien passée.

Uruguay

En Uruguay, la reconduction du parti "Frente Amplio" n'est pas certaine: ce premier tour de la présidentielle débouchera sûrement sur un second tour. Le Frente Amplio, coalition de gauche, aura perdu des sièges, les législatives ayant également lieu ce 26 octobre mais au scrutin proportionnel intégral donc sans second tour. Toujours est-il que lorsqu'on pense à la violente et cruelle dictature des années 1970, sur fond de guerilla urbaine marxiste, on peut mesurer le chemin parcouru. Car les mêmes sensibilités sont présentes, sans armes et sans l'intention de s'en procurer.

Tunisie

En Tunisie, la première élection entièrement ouverte pour une assemblée nationale régulière et non pas constituante, a eu lieu sans trop d'irrégularités. Certes, les cadeaux aux électeurs, les manipulations de listes électorales, ont pu se produire, mais jamais à une échelle comparable à l'époque de la fausse démocratie autocratique de Ben Ali. Le résultat de ce scrutin sera l'émergence d'un Premier Ministre doté de pouvoirs très supérieurs à ceux du président de la République. Toutefois Ennahda ne pourra ré-islamiser l'État car aucun aucun parti n'aura la majorité absolue, et la Constitution sanctuarise la laïcité. En outre Ennahda nous a clairement dit et répété croire en l'alternance. Inchallah!

Ukraine

Enfin en Ukraine, la situation est sanglante dans l'est où le scrutin ne s'est en fait pas déroulé dans les zones entre la ligne Lougansk-Donetsk et la frontière russe. Cependant, la victoire décisive des partis attachés à l'Europe, et particulièrement le bloc de Petro Porochenko, balaye tout espoir de retour du système corrompu du parti des Régions de Viktor Ianoukovitch. Le président déchu par le mouvement Maidan aidées des chancelleries occidentales envers et contre les souhaits du Kremlin devra se résoudre à vivre un exil russe. C'est sans doute en Ukraine que la situation sera la moins claire: il faudra que Petro Porochenko prévale contre les séparatistes de l'est, contre Moscou, contre la corruption, et contre les ultra-nationalistes ukrainiens qui tôt ou tard vont devenir incontournables. Car ces derniers, très faibles électoralement, sont quand même très présents à l'avant-garde des combats anti-séparatistes et un jour ou l'autre ils présenteront à Porochenko la note pour leur sacrifice de sang. Porochenko n'aura alors que l'argument des urnes pour refuser leurs demandes les plus fascistoïdes. En définitive, la réponse des urnes a servi en ce 26 octobre comme remède aux tentations de guerre civile.

Harold Hyman