La communauté internationale divisée face aux frappes américaines en Syrie

- - Photo fournie par le Département américain de la Défense, le 7 octobre 2016, de la base aérienne syrienne de Shayrat contre laquelle les Etats-Unis ont lancé une opération militaire le 6 avril 2017 - , Département américain de la Défense/AFP/Archiv
La communauté internationale a réagi à la frappe de l'armée américaine contre une base militaire du régime syrien dans la nuit de jeudi à vendredi. Les alliés de Bachar al-Assad, la Russie et l'Iran, ont condamné le bombardement tandis que la Turquie, opposé au régime a salué des frappes "positives". L'attaque intervient en riposte au bombardement présumé chimique, qui a tué 86 personnes dont de nombreux enfants mardi à Khan Cheikhoun, en Syrie.
Les réactions des soutiens du régime syrien
L'Iran condamne vigoureusement
L'Iran a condamné "vigoureusement" les frappes américaines, a déclaré vendredi Bahram Ghassemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité par l'agence Fars.
"Nous condamnons toute action unilatérale et l'attaque (...) contre la base aérienne d'Al-Chaayrate sous prétexte d'une attaque chimique suspecte mardi à Khan Cheikhoun" qui a fait au moins 86 morts, a déclaré M. Ghassemi.
La Russie sanctionne
Vladimir Poutine, le président russe, a dénoncé l'attaque contre le régime comme une "agression contre un Etat souverain en violation des normes du droit international, se fondant sur des prétextes inventés", selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov cité par les agences de presse russes, affirmant que "cette action de Washington cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines qui sont déjà dans un état lamentable", a t-il ajouté.
- Concernant le bombardement chimique présumé, qui a causé la mort de 86 personnes dont de nombreux enfants à Khan Cheikhoun, qui a conduit aux frappes américaines, le porte parole du Kremlin affirme que "l'armée syrienne ne dispose pas de réserves d'armes chimiques". Dmitri Peskov a également ajouté que "la destruction de toutes les réserves d'armes chimiques" par Damas avait déjà été constatée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.
Moscou a, dans la foulée, suspendu son accord avec Washington sur la prévention d'incidents aériens.
La Chine veut éviter l'escalade
Plus mesuré, Pékin a appelé vendredi à "éviter toute nouvelle détérioration de la situation" en Syrie après les frappes américaines contre une base militaire du régime de Damas, tout en condamnant "l'usage d'armes chimiques, par n'importe quel pays".
"Nous nous opposons à l'usage d'armes chimiques, par n'importe quel pays, organisation, ou individu, et quelles que soient les circonstances et l'objectif (recherché)", a affirmé Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Les réactions des pays opposés au régime syrien
Les pays opposés au régime de Bachar al-Assad ont salué ces frappes ou soutenu les États-Unis.
La Turquie salue des frappes "positives"
Ankara, dont l'armée combat Daesh et des groupes kurdes dans le nord de la Syrie, considère les frappes américaines en Syrie "positives", comme l'a déclaré le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus.
- "Nous considérons que c'est une chose postive, le régime de Bachar al-Assad doit être puni entièrement sur le plan international", a t-il affirmé sur la chaîne Fox TV.
Israël menace Téhéran et Pyongyang
Israël a apporté son soutien "total" aux frappes déclenchées par les Etats-Unis contre la Syrie, un "message fort" tout en affirmant que d'autres pays devraient l'entendre, a indiqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu
"Israël soutient totalement la décision du président Trump et espère que ce message de détermination face aux agissements ignobles du régime de Bachar al-Assad sera entendu non seulement à Damas, mais aussi à Téhéran, Pyongyang et ailleurs", selon un communiqué
La France affirme qu'un "signal a été donné"
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a affirmé qu'un "signal avait été donné" tout en ajoutant qu'il s'agissait d'une "condamnation" du "régime criminel de Bachar al-Assad". "J'ai été informé par Rex Tillerson (le secrétaire d'Etat américain) dans la nuit", a affirmé le chef de la diplomatie française à l'agence de presse anglaise Reuters.
Le Royaume-Uni "soutient pleinement"
L'allié inconditionnel des Etats-Unis, le Royaume-Uni, "soutient pleinement l'action des États-Unis", affirmant qu'il s'agit d'"une réponse appropriée à l'attaque barbare à l'arme chimique perpétrée par le régime syrien" a déclaré le porte-parole de Downing Street. "Le Royaume-Uni est déterminé à empêcher toute nouvelle attaque du régime de Damas", a t-il ajouté.
- L'Arabie Saoudite salue une décision "courageuse"
En Arabie Saoudite, un important allié des Etats-Unis au Moyen-Orient, un responsable au ministère des Affaires étrangères a assuré que son pays "soutenait complètement" les frappes américaines en Syrie.
Ce responsable, cité par l'agence officielle saoudienne, a tenu le régime syrien pour "responsable de ces opérations militaires" à cause "de ses crimes odieux depuis des années contre le peuple syrien" et a qualifié de "courageuse" la décision de Donald Trump de frapper en Syrie.
L'Allemagne reconnaît des frappes compréhensibles
Pour Berlin, les frappes américaines sont "compréhensibles", a indiqué vendredi le chef de la diplomatie allemande, tout en appelant à une solution politique sous l'égide de l'ONU.
"Il était à peine supportable de devoir regarder comment le Conseil de sécurité de l'ONU s'est montré incapable de réagir de manière claire à l'utilisation barbare d'armes chimiques. Que les Etats-Unis réagissent en attaquant les structures militaires du régime (de Bachar al-Assad) qui a commis ce crime de guerre, est compréhensible", a jugé le ministre Sigmar Gabriel dans un communiqué.