L'Onu adopte des sanctions contre le régime libyen

Le Conseil de sécurité de l'Onu a unanimement adopté samedi une résolution imposant un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel des avoirs de Mouammar Kadhafi et de ses proches en raison de la répression meurtrière en Libye. /Photo pri - -
NATIONS UNIES (Reuters) - Le Conseil de sécurité de l'Onu a unanimement adopté samedi une résolution imposant un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel des avoirs de Mouammar Kadhafi et de ses proches en raison de la répression meurtrière en Libye.
La résolution adoptée par les 15 membres du conseil demande également de saisir la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour des enquêtes sur la répression meurtrière en Libye et la possible poursuite de personnes responsables de la mort de civils.
Les membres du Conseil de sécurité regrettent vivement "les violations flagrantes et systématiques des droits de l''homme, notamment la répression exercée contre des manifestants pacifiques" et considèrent que "les attaques systématiques et généralisées qui se commettent en Jamahiriya arabe libyenne contre la population civile pourraient constituer des crimes contre l'humanité", selon les termes du communiqué publié par l'organisation.
Ainsi, le Conseil "décide de saisir le Procureur de la Cour pénale internationale de la situation dont la Jamahiriya arabe libyenne est le théâtre depuis le 15 février 2011", poursuit le communiqué.
Pour sortir du blocage au sujet de la saisine de la CPI, la délégation libyenne à l'Onu, qui a rompu ses liens avec Mouammar Kadhafi, avait apporté son soutien au projet défendu par la France et la Grande-Bretagne.
"(La délégation libyenne) soutient les mesures proposées dans le projet de résolution visant à faire rendre des comptes aux responsables des attaques armées contre les civils libyens, y compris par le biais de la Cour pénale internationale", avait écrit l'ambassadeur libyen Abdourrahman Chalgam dans une lettre adressée à la présidente en exercice du Conseil, la représentante du Brésil, Maria Luiza Ribeiro Viotti .
Avant ce vote, le Conseil de sécurité n'avait soumis qu'un seul autre dossier à la CPI: le conflit au Darfour, région occidentale du Soudan.
Après dix jours de violence en Libye, le nombre de victimes est estimé à 2.000 par les diplomates .
UNITÉ
"Ceux qui massacrent des civils seront tenus comme personnellement responsables", a réagi l'ambassadrice américaine à l'Onu Susan Rice. La diplomate a salué le vote du Conseil, soulignant "l'unité" des membres.
L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grand a estimé que les sanctions étaient "une expression forte de la profonde inquiétude, ou plutôt la colère, de la communauté internationale".
Selon des sources diplomatiques, la Chine, membre permanente du Conseil de sécurité, a attendu jusqu'à la dernière minute des instructions de Pékin sur la conduite à mener lors du vote.
L'ambassadeur chinoise Li Baodong a exprimé son inquiétude concernant les nombreux Chinois présents en Libye travaillant principalement dans l'industrie pétrolière.
Les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité de l'Onu contre le clan Kadhafi apportent "un soutien moral" aux pourfendeurs du régime, a déclaré l'ambassadeur adjoint de l'Onu en Libye Ibrahim Dabbashi.
"Cela nous aidera à mettre fin à ce régime fasciste qui est toujours debout à Tripoli", a-t-il ajouté.
Après l'adoption de cette résolution, le Secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a salué "l'action décisive" du Conseil. "Les mesures d''aujourd''hui sont dures. Dans les jours à venir, s'il le faut, des mesures encore plus fortes pourraient être nécessaires", a-t-il ajouté dans un discours devant le Conseil.
Maria Golovnina et Louis Charbonneau, Benjamin Massot pour le service français