L’île de Guam entre inquiétude et indifférence après les menaces de Pyongyang

Située dans le Pacifique, l’île de Guam est menacée depuis plusieurs jours par la Corée du Nord, qui projette d’y envoyer quatre missiles. Sur place, les habitants sont partagés entre inquiétude et indifférence.

À en croire Pyongyang, l’île américaine de Guam pourrait être dans le collimateur des missiles nord-coréens dans les prochains jours. Ce projet d'attaque peut être mis en œuvre "à tout moment, dès que Kim Jong-Un, le commandant suprême de la force nucléaire de la Corée du Nord le décidera", précise l'agence de presse KCNA. Au total, ce sont quatre missiles qui pourraient s’écraser en mer, à 30 ou 40 km de l’île.

Sur place, ces menaces inquiètent certains habitants:

"On fait face à des pouvoirs qui nous dépassent", déplore une insulaire. "Quand ils disent qu’ils veulent faire quelque chose, ils le font en général", s’inquiète un autre riverain.

En effet, la Corée du Nord n'en serait pas à son premier essai nucléaire. Le pays les multiplie depuis sa sortie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2003. Et les tensions ne se sont jamais apaisées entre les deux pays depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.

Une première menace en 2013

Mais ce n’est toutefois pas la première fois que l’île de Guam est cible de menaces émanant de Pyongyang. En mars 2013, le territoire avait craint d'être attaqué, après que l'ONU a finalement pris des sanctions contre le régime communiste, relevait le New York Times. La situation avait alors fini par se calmer, l'administration du président Barack Obama évitant l'escalade verbale avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

"J’ai discuté avec la Maison Blanche. Une attaque contre Guam est une attaque contre les États-Unis. Les autorités m’ont assuré que l’Amérique sera défendue", a toutefois annoncé Eddie Calvo, le gouverneur de Guam.

Cette allocution a permis de rassurer certains habitants de l’île. Tout comme les dernières déclarations de Donald Trump, qui a réitéré ses avertissements envers Pyongyang.

"Si la Corée du Nord a pour projet d’attaquer quiconque que nous aimons, que nous représentons, ils peuvent être très très inquiets. Ils leurs arriveraient des choses qu’ils n’ont même pas imaginés", a prévenu le président américain.

Une cible stratégique

L’île de Guam n’est pas visée au hasard par Kim Jong-un. Ce petit territoire, situé en plein océan Pacifique, héberge une base navale et une base aérienne stratégiques pour Washington. Quelque 6.000 soldats sont également présents depuis plusieurs années, pour une population de seulement 162.000 habitants.

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L’île a également une référence historique. Elle s’est avérée utile pour l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam, qui a pu faire décoller ses bombardiers chargés d’attaquer Hanoï. À environ 3.300 kilomètres des bases de missiles nord-coréennes, l’île de Guam entre dans son champ de frappe. Le mois dernier, Pyongyang avait même assuré être en mesure de frapper n'importe quel endroit de la planète.

Pierjean Poirot