L'avenir du Yémen incertain après l'opération du président Saleh

Scènes de liesse à Sanaa après l'évacuation du président yéménite Ali Abdallah Saleh en Arabie saoudite, où il a été opéré dimanche dans un hôpital militaire. Les opposants, qui réclament la démission de Saleh depuis le mois de janvier, ont interprété son - -
SANAA/RYAD (Reuters) - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a été opéré dimanche dans un hôpital militaire saoudien et dans la capitale Sanaa, les violents affrontements ont cédé la place aux manifestations de joie.
Les opposants, qui réclament la démission de Saleh depuis le mois de janvier, ont interprété son départ comme un signe de sa perte progressive de contrôle du pays.
Une marée de drapeaux yéménites a envahi Sanaa samedi soir, lorsque la nouvelle de l'évacuation du président a été connue. Une banderole demandait "A qui le tour ?", en référence aux soulèvements populaires dans le monde arabe qui ont déjà provoqué la démission des présidents tunisien, Zine ben Ali, et égyptien, Hosni Moubarak.
Dans la capitale, beaucoup espèrent qu'il ne reviendra pas mais un membre du parti au pouvoir, Tarek al Chami, a annoncé son retour "dans quelques jours".
Cependant, son départ dans une période si instable, même pour raisons médicales, va encore compliquer son ambition de rester au pouvoir.
Le vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui assume son intérim, n'a qu'un pouvoir réel limité selon les observateurs.
Lundi à l'aube, la trêve conclue entre les troupes du président Saleh et les hommes du puissant chef tribal Sadek al Ahmar semblait tenir.
La fédération tribale Hached, dirigée par Ahmar, a selon l'opposition accepté une trêve d'une journée, après deux semaines de combats ayant fait plus de 200 morts.
Deux personnes sont mortes et 15 autres ont été blessées dimanche dans une attaque à la grenade contre une installation utilisée par le général Ali Mohsen, un ancien allié de Saleh passé dans l'opposition.
REVIENDRA-T-IL ?
L'attaque de vendredi sur le palais présidentiel a fait selon Saleh sept morts parmi les gardes ainsi que de nombreux blessés, dont le Premier ministre, son adjoint et les présidents des deux chambres du parlement - tous soignés en Arabie.
Dans les prochains jours, l'évolution de l'état de santé de Saleh et son retour, ou non, d'Arabie Saoudite, pèseront sur l'avenir proche du pays.
Ryad pourrait aussi profiter de sa présence sur son territoire pour le presser de démissionner, ce que prédit Abdoulaziz Kassem, un analyste saoudien.
"Le royaume (saoudien) va convaincre Saleh d'accepter le plan de sortie négocié par les pays du Golfe pour que la situation puisse se résoudre pacifiquement et sans bain de sang", dit Kassem.
L'Arabie saoudite est le principal membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a mis au point un plan de sortie de crise que le président yéménite a refusé par trois fois de signer.
Saleh a jusqu'ici résisté aux manifestations, aux pressions diplomatiques et aux défections de généraux de l'armée.
Il a été opéré dimanche au thorax d'un éclat du projectile qui avait frappé vendredi son palais. Selon la BBC, il aurait un éclat de shrapnel long de 7,6 cm sous la région du coeur et serait brûlé au second degré au thorax et au visage.
Marc Delteil et Clément Guillou pour le service français