"J'ai subi une violence psychique": enlevé par l'armée russe, le maire de Melitopol témoigne
Le 11 mars dernier, Ivan Fedorov était enlevé par une dizaine de soldats russes, avant d'être libéré cinq jours plus tard. Accompagné d'une délégation ukrainienne, le maire de Melitopol - une ville de 150.000 habitants du sud de l'Ukraine - est actuellement à Paris pour témoigner de l'enfer qu'il a vécu.
"Si je suis là aujourd’hui en France et plus tard ailleurs en Europe, c’est pour témoigner ce que vit aujourd’hui l’Ukraine et les citoyens ukrainiens", a-t-il raconté ce jeudi sur BFMTV. "La propagande russe est très forte. Y compris dans l’Union européenne où les informations objectives ont parfois du mal à arriver."
Il insiste pour dire que la guerre a commencé à Melitopol dès le 24 février aux alentours de 5 heures du matin, "quand toute la ville dormait", lorsqu'une frappe de l'armée russe a visé l'aérodrome militaire de Melitopol, à environ "200 mètres des habitations". "Pendant deux semaines, nous étions en situation d'occupation", relate-t-il.
Une "violence psychique"
Arrêté par les Russes, Ivan Fedorov a selon ses mots subi une "violence psychique" lors de sa captivité. "Cinq militaires étaient avec moi dans la salle d'interrogatoire", se souvient-il. "Ils n’étaient pas du tout préparés. Ils ne savaient rien sur l’Ukraine et la ville de Melitopol. Ils m'ont posé des questions sur comment est formé le budget de la ville? Ou encore qui sont les leaders d'opinion sur place?"
Si pour lui les violences n'ont pas été physiques, il évoque la privation de communication et la solitude. Il se remémore également:
"J'ai entendu dans les cellules à côté les cris des torturés, et j'ai compris leur degré de violence parce que les vies humaines ne comptent pas pour eux."
Propagande russe
Au cours de ses échanges avec ses geôliers, le maire de Melitopol explique avoir répondu à des questions typiques de la propagande russe.
"Ils ont dit qu’ils voulaient libérer la ville des nazis, qu'ils voulaient défendre la langue russe", a-t-il affirmé. "Ils ont également dit que des vétérans de la Seconde Guerre mondiale avaient été battus lors du dernier défilé.
Ivan Fedorov pense qu'il a été libéré - contre neuf prisonniers - grâce à l'émoi suscité par son enlèvement. "En Ukraine, au niveau local, un maire a moins de gestion politique, c'est plus un gestionnaire de région", explique-t-il. "S’attaquer à moi, c’était comme s’attaquer à un double symbole."
"L’Ukraine ne capitulera jamais"
Pour ce qui est de la suite du conflit, le maire de Melitopol se dit persuadé que la Russie ne vaincra pas l'Ukraine. "Personne ne s’attendait à pareille résistance", s'exclame-t-il. "Ça fait plus d’un mois maintenant que l’armée ukrainienne se défend courageusement."
"Toutes les guerres se terminent un jour. Soit par voie diplomatique, soit par voie militaire. Par voie militaire, l’Ukraine ne capitulera jamais."
Lors de son passage à Paris, Ivan Fedorov doit notamment rencontrer le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes Clément Beaune.