Israël: le parlement adopte une loi controversée sur les colonies

La Knesset, lieu de réunion du Parlement israélien, à Jérusalem - Beny Shlevich via Wikimedia Creative Commons
Le Parlement israélien a voté ce lundi une loi qui permettra à l'Etat de s'approprier des centaines d'hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie. La loi, approuvée par 60 députés et rejetée par 52, a été adoptée en troisième et dernière lecture, après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a informé l'allié américain du débat sur cette question.
Une partie de la classe politique israélienne s'oppose au texte
La loi permettra de déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation, soit parce qu'ils ignoraient qu'ils étaient propriétés privées, soit parce que l'Etat les aurait laissés faire. Les propriétaires palestiniens seraient compensés financièrement ou par d'autres terrains.
Ceux qui défendent le texte disent qu'il permettra aux colons de ne plus craindre d'être chassés parce que la justice israélienne, saisie par des organisations de gauche, jugerait que leurs maisons ont été construites illicitement sur des terres privées palestiniennes.
En revanche, selon ses détracteurs, la législation revient à légaliser au regard du droit israélien le vol de terres palestiniennes et constituera un pas de plus vers une annexion au moins partielle de la Cisjordanie. Parmi ces détracteurs, on trouve Isaac Herzog, chef du Parti travailliste qui a dénoncé "une loi abjecte" qui "annexerait des millions de Palestiniens" et exposerait selon lui les soldats et hommes politiques israéliens à des procès aux tribunaux criminels internationaux.
Les inquiétudes de la communauté internationale
Une grande partie de la communauté internationale considère la colonisation comme un obstacle à la paix entre Israéliens et Palestiniens, en conflit depuis près de 70 ans.
Pour elle, la loi favorise encore plus l'entreprise de colonisation, éloignant davantage la création d'un Etat palestinien indépendant coexistant avec Israël, solution de référence internationale au conflit. Le coordinateur spécial de l'ONU pour la paix, Nikolay Mladenov, s'est dit "inquiet" que le texte ne "réduise grandement les perspectives de paix".
Les opposants au texte se mobilisent déjà. Adalah, une ONG défendant les droits des Palestiniens, a déjà fait savoir qu'elle saisirait la Cour suprême. Or plusieurs experts, dont le procureur général israélien Avichai Mandelblit, ont prévenu que la loi risquait de ne pas résister à l'examen de la Cour.