Iran: une jeune femme arrêtée car elle danse sans foulard dans des vidéos

Certains acquièrent la gloire en postant des contenus artistiques sur les réseaux sociaux. D'autres doivent en répondre devant la justice. C'est le cas de Maedeh Hojabri, jeune iranienne, arrêtée par la police de son pays pour avoir publié des vidéos d'elle-même en train de danser seule sur Instagram, dans l'intimité de son logement. Depuis, la mobilisation en soutien à la jeune femme s'organise sur les réseaux sociaux.
Présentée comme une gymnaste de 18 ans par Associated Press, Maedeh Hojabri ne serait que l'une des danseurs arrêtés au cours de ces dernières semaines. Le site News.com rapporte qu'ils ont depuis été libérés sous caution. Sur ses vidéos, disponibles sur un compte Instagram à son nom, qui comptabilise près de 60.000 abonnés, la jeune femme dansait en alternant entre rythmes orientaux et musiques pop occidentales. Selon la BBC, les lois iraniennes sont très strictes concernant les vêtements féminins, et danser avec des membres du sexe opposé en public est interdit. De plus, dans ses vidéos, Maedeh Hojabri ne portait pas le hijab, obligatoire depuis la révolution islamique de 1979.
Mea Culpa télévisuel
Selon le Guardian, la jeune fille est apparue à la télévision d'État pour y présenter ses excuses. Des confessions qualifiées de forcées par des militants. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent une jeune femme au visage flouté, que certains identifient comme étant Maedeh, expliquer en larmes:
"Je savais que danser était interdit mais je n'ai rien publié de mal (...) Je n'essayais pas d'attirer l'attention, des gens aimaient me voir danser, mais je ne cherchais pas à promouvoir quoi que ce soit ni encourager les autres à danser."
En parallèle, les soutiens se multiplient sur les réseaux sociaux. Reihane Taravati, iranienne condamnée en 2014 pour une vidéo dans laquelle elle dansait tête nue sur la chanson Happy de Pharrell Williams, s'est fendue d'un message sur Twitter:
"Vous m'avez arrêtée parce que j'étais heureuse quand j'avais 23 ans. Maintenant, vous arrêtez Maedeh Hojabri et elle n'a que 18 ans! Qu'allez-vous faire à la prochaine génération?"
La militante iranienne Masih Alinejad, elle aussi, a publié un message de soutien sur Twitter pour dénoncer les règles auxquelles la gent féminine doit se soumettre dans son pays:
"Si vous êtes une femme en Iran et que vous dansez, que vous chantez ou que vous montrez vos cheveux, vous êtes une criminelle. Si vous voulez vous apprécier telle que vous êtes, vous devez enfreindre les lois tous les jours".
La danse comme révolte
Comme d'autres, la militante a décidé d'exprimer son soutien en publiant des vidéos d'elle dansant dans des lieux publics. "J'ai dansé sans mon hijab obligatoire" (...) explique-t-elle en légende de l'une d'entre elles. "Mais la personne qui jouait de la musique a arrêté ma performance par peur de voir son instrument confisqué".
Le blogueur iranien Hossein Ronaghi, lui aussi, a réagi à la polémique: "Si vous dites aux gens n'importe que des jeunes filles de 16 ou 17 se font arrêter pour leurs danses, leurs joies et leur beauté parce qu'elle répendraient l'indécence, tandis que des violeurs d'enfants et d'autres sont libres, ils rigoleront!"
Et la mobilisation a largement dépassé les frontières iraniennes. Amnesty International a publié une vidéo pour dénoncer le traitement dont fait l'objet la jeune fille, accompagnée du message "#DanserNEstPasUnCrime".
Selon News.com, Maedeh Hojabri a été libérée sous caution. Le blog Nouvelles d'Iran hébergé par Le Monde note cependant qu'elle pourrait être en attente d'un procès, comme les autres danseurs arrêtés.
Sur Instagram, elle a publié une vidéo ce lundi, accompagnée de la légende "merci du soutien". Dans le post suivant, elle présente une casquette à son effigie, accompagnée de la mention "L'art n'est pas un crime".