INFOGRAPHIES. Coronavirus: la France suit-elle un scénario à l'italienne?

La propagation du coronavirus est rapide en France comme en Italie, avec des courbes qui se ressemblent. Mais cela ne veut pas dire pour autant que l'Hexagone connaîtra la même situation que son voisin transalpin.

L'Italie est le pays européen le plus touché par le coronavirus, avec plus de 60.000 cas et plus 6000 morts selon les derniers pointages ce lundi. Des chiffres qui effraient notamment les Français. L'idée est souvent partagée que la France suit la courbe italienne, avec quelques jours de retard. Mais si les graphiques peuvent se ressembler, il y a toutefois des dissemblances. 

Au 23 mars, selon Santé Publique France, la France compte un peu plus de 19.000 personnes contaminées sur son territoire et déplore 860 décès. Des chiffres encore loins de ceux de nos voisins transalpins. Mais les premiers cas sont arrivés plus tardivement. 

Les courbes ci-dessous montrent que la France se situe légèrement en dessous des chiffres italiens pour le moment.

9200 cas en Italie au début du confinement, 6600 en France

La date de mise en place du confinement a possiblement impacté l'évolution du nombre de cas, comme le montre l'infographie ci-dessous. Ce n'est en effet que le lundi 9 mars que l'Italie a étendu cette mesure drastique à l'ensemble du territoire. A ce moment-là, 9172 personnes étaient déjà contaminées. En France, le confinement a été mis en place le lundi 16 mars. A ce moment-là, 6633 cas avaient été recensés dans l'Hexagone, beaucoup moins qu'en Italie.

Ces chiffres doivent cependant être relativisés car ces données "sous-estiment le nombre réel de cas" selon Santé Publique France qui rappelle que seulement une partie des malades sont désormais testés dans notre territoire. 

Plus de lits dans les hôpitaux français qu'italiens

Les deux pays ne disposent pas non plus de la même quantité de matériel médical. Selon les données de l'OCDE, la France possède, proportionnellement à la taille de sa population, deux fois plus de lits d'hôpitaux que l'Italie ainsi que davantage de places réservées aux soins intensifs. Mais les deux pays sont à chaque fois loin de figurer parmi les pays les mieux classés de l'OCDE.

Une population plus âgée et donc plus vulnérable en Italie

Une situation d'autant plus inquiétante que la population italienne est plus âgée que la population française, comme l'attestent ces chiffres fournis par Eurostat. L'Italie possède en effet la population la plus âgée du Vieux continent.

Cette pyramide des âges est un véritable problème vis-à-vis du Covid-19 car le virus est beaucoup plus virulent à l'égard des seniors. Selon une étude réalisée par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, le taux de mortalité du Covid-19 est de 8 à 15% chez les septuagénaires et les octogénaires contre 0,2% chez les personnes âgée de 10 à 40 ans.

Difficile donc de savoir si la France connaîtra ou non un scénario "à l'italienne". L'évolution du nombre de cas et de décès semblent certes similaires dans les deux Etats mais les situations sanitaires et démographiques sont très différentes d'un pays à l'autre. Impossible d'être, à ce stade, définitif sur l'évolution de la propagation de l'épidémie.

Difficile de faire des projections avec un virus

De manière générale, il est difficile de prédire l'avenir d'une pandémie. Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève a rappelé à Mediapart qu'il arrive souvent que les spécialistes prédisent "des choses tout à fait catastrophiques": 

"Personnellement, je refuse de faire des prévisions au delà de quelques jours (...) Un virus est imprévisible, il a un comportement propre. Ce n'est pas du tout certain, mais peut-être qu'il va ralentir sa propagation avec les beaux jours."

Le spécialiste dresse un parallèle avec la propagation du virus Ebola.

"Pour Ebola par exemple, un des meilleurs épidémiologistes du monde a prédit 1,2 million de cas en tirant les courbes. Il y en a finalement moins de 30.000 dans le monde".

Début février, l'Organisation mondiale de la santé estimait qu'il y avait une "chance réaliste de stopper" la propagation du nouveau coronavirus. Un discours qui a complètement changé au fil des semaines. Ce lundi après-midi, l'OMS affirme désormais que la pandémie s'accélère, mais que sa trajectoire peut encore être modifiée. A l'heure actuelle, au moins 360.000 personnes dans le monde ont été contaminées par le Covid-19.

Louis Tanca