Inde: au moins 13 morts dans des violences intercommunautaires

Le bilan des violences intercommunautaires à New Delhi s'est aggravé mardi à treize morts. Depuis dimanche, plusieurs quartiers de la capitale indienne sont le théâtre de scènes de guérilla urbaine.
Pierres, sabres et pistolets
Des émeutiers armés de pierres, sabres et parfois même pistolets, sèment le chaos et la terreur dans des zones périphériques à majorité musulmane du nord-est de la mégapole, éloignées d'une dizaine de kilomètres du centre. 150 personnes ont été blessées, dont une dizaine se trouvent dans un état critique, selon le dernier bilan.
"La plupart des décès ont été causés par des armes à feu", a déclaré le docteur Rajesh Kalra de l'hôpital GTB, situé dans le nord-ouest de la mégapole.
Des heurts entre partisans et opposants d'une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire pour les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires, entre hindous et musulmans. Des bâtiments, commerces et véhicules ont été brûlés. Plusieurs journalistes ont été agressés.
"Cette folie doit s'arrêter"
Des pierres jonchaient les rues. Dans la soirée, les forces de l'ordre ont dressé des barrages à plusieurs centaines de mètres autour des zones affectées et interdisaient toute entrée. Des policiers en tenue antiémeute ont déployés en nombre. Les habitants se barricadaient dans leur maison, lumières éteintes.
"J'appelle tout le monde à arrêter la violence. Cette folie doit s'arrêter", a lancé le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal, selon des propos rapportés par l'agence Press Trust of India.
En une heure mardi soir à l'hôpital GTB, plusieurs blessés amenés aux urgences, dont certains inconscients.
"Depuis hier, nous appelons la police à mettre en place un couvre-feu, à envoyer des renforts. Mais personne n'est venu", a déclaré un étudiant d'un quartier touché par les violences qui amenait un ami touché.
Cette flambée de violence survient au moment de la visite d'État en Inde du président Donald Trump, qui s'est achevée sur des entretiens avec le Premier ministre indien Narendra Modi mardi à New Delhi.
Législation anti-musulmane
Le dirigeant nationaliste hindou est confronté depuis décembre à un vaste mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l'attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, à condition qu'ils ne soient pas musulmans.
Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d'être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population. La loi a provoqué les plus importantes manifestations dans le pays d'Asie du Sud depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014.