BFMTV
International

Ils ont fait l’événement - Ludovic Duguépéroux, marin de l’Aquarius, raconte "des conditions de survie" 

placeholder video
Salhia Brakhlia revient sur l’actualité de l’année avec ceux qui l’ont fait. Aujourd’hui, elle rencontre Ludovic Duguépéroux, marin sauveteur sur l’Aquarius. Il raconte les conditions de vie des personnes à bord et les jours d’incertitude sur le navire.

Ludovic Duguépéroux, marin sauveteur français, était à bord de l’Aquarius fin juin. Le navire, qui transportait 630 migrants, est resté bloqué en Méditerranée plusieurs jours après les refus de l’Italie et de Malte de l’accueillir, suivis du silence français. C’est finalement l’Espagne qui le laissera accoster. Des jours d’incertitude que tout l’équipage a passés "dans des conditions de survie", comme l’explique le marin à Salhia Brakhlia pour BFMTV:

"On ne peut pas marcher à bord. Lorsqu’ils dorment la nuit, les gens sont les uns contre les autres", rapporte-t-il. "Pour la distribution de nourriture, on commence la file sur l’arrière bâbord. Les gens ont fait une file indienne jusqu’à l’avant du navire, pour revenir par tribord. C’est trois heures."

Même souci du côté des sanitaires: "Trois cabinets de toilettes pour les hommes, un cabinet de toilettes pour les femmes. Donc le matin, aller aux toilettes ça peut prendre deux heures."

Des sauvetages plus ou moins aisés

Dans le cadre de ses fonctions, Ludovic Duguépéroux intervient lors de sauvetages en mer: "On arrive sur zone, on se rapproche, on met à l’eau nos canaux de secours rapides, on distribue des gilets de sauvetage et on débarque les gens le plus calmement, le plus lentement possible pour venir les mettre en sécurité sur l’Aquarius", explique-t-il. Parfois, les choses ne se déroulent pas aussi bien:

"Il y a des sauvetages où ça se passe mal. On arrive et les gens sont déjà dans l’eau, ou des personnes sont déjà décédées, ou il y a déjà de l’essence partout."

"Ce sont des humains, ce ne sont pas des chiffres"

Lors de la crise de l’Aquarius, Emmanuel Macron avait appelé à "ne pas céder à l’émotion". "Comme tout être humain, dans la mesure où on n’a pas vécu quelque chose, on ne peut pas le comprendre", répond Ludovic Duguépéroux. Finalement, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'accueil de 78 réfugiés de l'Aquarius

"On oublie que ce sont des personnes, des êtres humains, des enfants. Qui si on n’intervient pas (…) finiront simplement noyés. Tous nous parlent de viols, de tortures, de rackets, d’esclavage en Lybie. Tous parlent de ça. Et ce sont des humains, ce ne sont pas des chiffres. Ça pourrait être vous, ça pourrait être moi", conclut-il.

Benjamin Pierret avec Salhia Brakhlia