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Iakounine, l'homme fort des chemins de fer russes

Vladimir Iakounine, PDG des Chemins de fer russes (ici au premier plan), le 17 octobre, à Sotchi, en Russie.

Vladimir Iakounine, PDG des Chemins de fer russes (ici au premier plan), le 17 octobre, à Sotchi, en Russie. - DR

Pour Vladimir Iakounine, à l'origine de grands chantier ferroviaires en Russie, les Européens doivent se distancer des Américains et participer aux projets entre l'Europe et l'Asie en matière de rail.

L'un des capitaines d'industrie les plus puissants de Russie est excédé par l'hyperpuissance des États-Unis. Et puisque les États européens suivent la ligne américaine, Vladimir Iakounine, PDG des Chemins de fer russes, compte mener la Russie vers une prospérité commerciale dirigée vers l'Asie. Pour ce faire, le rail est le moyen idéal.

A l'origine du chantier ferroviaire de Sotchi

Monsieur Iakounine parle un anglais potable, lui qui fut pendant 20 ans un commis de l'État russe chargé de politique et compétitivité scientifique, et pendant six ans en poste à l'ONU à New York. En 2003 il entre à la direction des Chemins de fer russes, et c'est sous sa houlette que le réseau ferroviaire de Sotchi a été révolutionné.

En cinq ans il y a construit la gare de Sotchi, et d'autres encore, sur un réseau du Caucase du Sud avec de nombreuses passerelles et viaducs qui traversent les ravins et enjambent les rivières grâce à de nombreux ouvrages d'art —un rêve d'ingénieur. Deux cents kilomètres de nouveaux rails ont été posés. Tout était prêt pour les J.O. de 2014.

"L'on disait que la tâche était impossible. Nous avons creusé des kilomètres de tunnel, et tout était prêt pour les jeux", et la région du Caucase du Nord en portera à jamais la marque, dit-il lors d'un petit-déjeuner, à Sotchi justement. D'autres instances s'activeront à maintenir l'intérêt touristique et récréatif de la région, avec des stations de ski à la pointe de la modernité et avec des évènements de type Formule 1, rappelle le PDG.

Tourné vers la Chine, à défaut d'Europe

Ce grand ordonnateur du ferroviaire souhaite également moderniser entièrement le réseau russe, ce qui nécessite une coopération avec des entreprises étrangères, surtout dans la construction et le matériel roulant . "Les entreprises française ne sont-elles pas sous pression pour ne plus faire des projets avec nous?", interroge-t-il. Selon Vladimir Iakounine, le monde économique et la politique étrangère doivent rester séparés. Or voici que les Européens suivent la ligne américaine en matière de sanctions. Ces États-Unis qu'il voit comme les grands casseurs de l'époque. On relèverait une pointe de regret chez cet homme qui connaît vraiment très bien, et depuis longtemps, Vladimir Poutine.

Vladimir Iakounine se tourne déjà vers les projets avec la Chine, dans sa "Ceinture eurasiatique de développement", dans laquelle circulerait des trains de containers, sur 11.000 km de lignes avec des trains roulant à 300 km/h et plus. Les décideurs chinois veulent un Pékin-Moscou, en rail traditionnel ou en lévitation magnétique (trains circulants sur des aimants à polarité inversée et ne touchant pas les rails), ou en tubes à vide. Jamais décontenancé, Iakounine pense que les infrastructures valent toujours mieux que des dollars. Et sans doute qu'au fond de lui, il aurait bien aimé un train ultra-rapide Moscou-Berlin-Paris.